Un tableau attribué au maître italien Leonard De Vinci, le portrait d'Isabella d'Este a été saisi en Suisse sur demande de la justice italienne, relançant la polémique sur l'authenticité de ce portrait.

L'histoire débute en octobre 2013 quand le quotidien de référence italien, le Corriere della Sera, affirme qu'«après 500 ans, le merveilleux portrait d'Isabella d'Este, réalisé par Léonard de Vinci, a été retrouvé».

«Le tableau est authentique», dit à l'époque le professeur Carlo Pedretti, cité par le quotidien.

Cet historien d'art est considéré comme l'un des plus grands experts de Léonard de Vinci. Directeur du Centre des études vinciennes du Hammer Museum de Los Angeles, citoyen d'honneur de la petite localité toscane de Vinci dont est originaire le grand peintre, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'artiste.

L'oeuvre fait partie d'une collection d'environ 400 tableaux appartenant à une famille italienne qui vit entre le centre de la péninsule et la partie germanophone de la Suisse, écrivait alors le Corriere.

Cette collection se trouve en Suisse depuis un siècle environ et la majeure partie des oeuvres aurait été achetée par les grands-parents des actuels propriétaires, selon la même source.

Selon le quotidien germanophone suisse l'Aargauer Zeitung, il s'agirait des héritiers de l'industriel et amateur d'art Peter Zai (1855-1936) qui vivait à Turgi, dans le canton d'Argovie.

Mais l'autorité du professeur Pedretti ne réussit pas à convaincre tous les experts.

«Il s'agit sûrement d'une version d'atelier ou vraisemblablement plus tardive (XVIe ou XVIIe), tirée du portrait dessiné du Louvre», estimait à la même époque Jacques Franck, un autre expert, cité par le journal français Le Figaro.

«Je ne vois pas la main de Léonard, même si c'est un document intéressant. Rien n'exclut qu'elle puisse être contemporaine de Léonard, mais j'en doute: les principales avanies subies par les oeuvres graphiques du maître sont postérieures à sa mort, et le dessin du Louvre a été mutilé. Le portrait peint inclut ces manques», avait conclu M. Franck

Nouvelles expertises

Vrai ou faux Léonard, partiellement vrai et achevé par ses élèves, la prudence est désormais de mise dans l'attente de nouvelles expertises.

Le parquet de Pesaro, à l'origine de la mise sous séquestre en raison d'une enquête compliquée concernant «l'exportation clandestine» du tableau, mais également des «délits fiscaux et fraudes à l'assurance», évoque mardi dans son communiqué «une oeuvre attribuée à Léonard de Vinci».

«Lorsque le tableau reviendra en Italie, le parquet ordonnera d'ultérieures expertises pour confirmer la paternité de l'oeuvre», ajoute le parquet.

Selon la justice italienne, «les négociations concernant la vente de l'oeuvre étaient bien avancées et tournaient autour d'un montant de 120 millions d'euros (170 millions de dollars CAN)» pour cette huile de 61cm par 46,5cm.

«Ce tableau  est présumé de la main de Leonard de Vinci, les experts ne sont pas d'accord entre eux», a indiqué mardi à l'AFP un porte-parole de la police du canton suisse du Tessin.

«Le tableau se trouve en Suisse. Cela va encore durer jusqu'à ce qu'il soit éventuellement rendu à l'Italie. Les propriétaires pourraient réagir», a-t-il ajouté.

La Suisse abrite aussi deux autres «vrais-faux» Léonard de Vinci.

La première oeuvre est un dessin, appelé La Belle Princesse, conservée dans un coffre du Port-Franc de Genève, un entrepôt sous douane contenant des milliers d'objets d'art, de bouteilles de vin et voitures de luxe.

Le 2e tableau est une Mona Lisa antérieure attribué par ses propriétaires à Léonard de Vinci. Il s'agit d'une version controversée de la célèbre Joconde de Leonard de Vinci, qui a été présentée à la presse le 27 septembre 2012 à Genève par la Mona Lisa Foundation.

Le tableau représente une Mona Lisa plus jeune que celle accrochée au Musée du Louvre, et selon la Fondation suisse, il a été peint 10 ans avant la Joconde par Léonard de Vinci. Il représente la même femme, mais avec 10 ans de moins.

PHOTO AP