«Très impressionnée» par le chantier du Louvre d'Abou Dhabi, la ministre française de la Culture Fleur Pellerin a balayé mardi les critiques sur le caractère «mercantile» du projet qui contribue, selon elle, au «rayonnement de la France».

Mme Pellerin, casque de chantier sur la tête, a arpenté le site en construction sur l'île de Saadiyat, près d'Abou Dhabi. Elle a ensuite exprimé son «émerveillement devant la prouesse technique, architecturale, esthétique» du musée conçu par le célèbre architecte français Jean Nouvel, qui se trouvait à ses côtés.

«La conception même du musée est d'une intelligence folle», a-t-elle déclaré à l'AFP à un peu plus d'un an de l'inauguration projetée pour décembre 2015 par les Emirats arabes unis, richissime État pétrolier du Golfe.

L'objectif, a-t-elle expliqué, est de «créer un musée universel qui représente ce que les Émiratis souhaitent véhiculer comme message: un message d'universalité, de carrefour des civilisations, de construction d'une histoire qui soit une construction chronologique, avec non pas la sculpture d'un côté et la peinture de l'autre, mais vraiment quelque chose qui mette en valeur le dialogue des cultures à toutes les époques».

Le Louvre d'Abou Dhabi s'étendra sur 64 000 m2, avec 6000 m2 pour les collections permanentes et 2000 m2 pour les expositions temporaires.

Deux étapes importantes du projet viennent d'être franchies: la liste des 300 oeuvres qui seront prêtées par treize musées français a été dévoilée et le dôme métallique du musée a été achevé.

Ce dôme de 180 mètres de diamètre, reposant sur quatre piliers, coiffera les deux tiers du musée. Fait de plusieurs couches ajourées en acier inoxydable, il laissera passer une pluie de lumière douce, évoquant les ombres mouvantes des palmeraies.

Entre 4000 et 5000 ouvriers sur le chantier

«Pour le moment, on tient le cap», s'est félicité Jean Nouvel, interrogé par l'AFP. «Il y a 4000 à 5000 ouvriers sur le chantier. Cela avance très bien depuis quelques mois, mais je ne sais pas si on le terminera exactement à l'heure. De toutes les manières, on ne prendra jamais le moindre risque avec les oeuvres».

Parmi les «nombreux défis» auxquels fait face l'architecte figure l'obligation de protéger des oeuvres «très précieuses» et «très fragiles» contre les «agressions extérieures» comme les températures qui frôlent les 50 degrés Celcius en été.

Paris et Abou Dhabi ont signé en 2007 un accord sans précédent pour 30 ans portant sur la conception et la mise en oeuvre par l'Agence France-Muséums du Louvre aux Émirats.

Cet accord représente au total un milliard d'euros, auquel il faut ajouter 500 millions pour le coût estimé de la construction du musée.

Fleur Pellerin a balayé les critiques émises par certains milieux conservateurs en France qui ont affirmé dans le passé qu'au nom d'intérêts financiers, le Louvre était transformé en une simple marque et qu'on galvaudait une partie du patrimoine culturel français.

«Cela fait partie du rayonnement de la France que de savoir exporter ses savoir-faire et je n'y vois pas du tout de problèmes de nature mercantile», a rétorqué la ministre. «Je ne pense pas du tout que cela soit brader l'image de la France que de participer à ce type de projet».

De même, Mme Pellerin a rejeté toute idée de censure de la part des autorités d'Abou Dhabi dans le choix des oeuvres déjà effectué.

«Il y a des sculptures qui représentent des nus, des oeuvres qui témoignent de l'histoire universelle de la beauté à travers les siècles, et ce souci d'universalité se retrouve parfaitement bien dans la collection telle qu'elle a été conçue par les équipes de France-Muséums et le ministère émirati en charge du projet. Ce sont des critiques qui n'ont pas lieu d'être».

Sur l'île de Saadiyat, le Louvre se trouvera en compétition avec le Guggenheim et le musée national Sheikh Zayed, qui sera géré en partenariat avec le British Museum. Leur construction n'a pas encore commencé.