De l'Autoportrait bleu de 1901 à La chèvre des années pop, voici quelques unes des oeuvres emblématiques de Picasso à ne pas manquer lors de la visite de son musée rénové à Paris.

Les commentaires entre guillemets sont ceux d'Anne Baldassari, ex-directrice du musée, qui a réalisé le nouvel accrochage.

- Autoportrait (1901)

Ce portrait d'un Picasso barbu et sombre ouvre la période bleue qui sera refermée trois ans plus tard par La Célestine, tenancière de maison close de Barcelone, que l'artiste voit comme un symbole de la prostitution de la peinture.

- Trois figures sous un arbre (1908)

Appartenant à la période du Primitivisme, cette toile aux tons brun, beige et vert intègre la géométrisation des volumes prônée par Cézanne. «Rigueur architecturale et réduction chromatique (lui) confèrent une grande puissance formelle».

- Nature morte à la chaise cannée (1912)

Avec cet «objet composite combinant toile imprimée en trompe-l'oeil, peinture et cordage», Picasso «crée le premier collage de l'art moderne». Il va bientôt assembler papiers peints, partitions musicales, lettrages et même objets (bouteilles, paquet de cigarrettes, verre...).

- La flûte de Pan (1923)

Elle fait partie de la période dite «classique» ou «photographique», souvent critiquée... La toile est inspirée de photos prises par Jean Cocteau dans les ruines de Pompéi.

- Paul en Arlequin (1924)

Un portrait de studio de son fils Paulo déguisé en Arlequin où Picasso «prend ses distances d'avec ses propres découvertes». Il sera accusé de participer au mouvement de «retour à l'ordre». «Dans ces années d'une incroyable fécondité, Picasso se libère de toute règle, y compris de la doxa cubiste».

- Figures au bord de la mer (1931)

Empruntant au bestiaire surréaliste, Picasso imagine «ces corps inquiétants» qui étalent leur anatomie difforme, «chimères directement issues des Métamorphoses d'Ovide» et de l'imaginaire freudien.

- Dora Maar (1941)

Durant la guerre civile espanole et la Deuxième Guerre mondiale, Picasso peint la mort à travers des portraits de ses compagnes, Marie-Thérèse et Dora Maar, pour dénoncer l'horreur qui s'est abattue sur l'Europe. La série des portraits entre 1937 et 1939 «constitue aussi un hommage à Van Gogh dont les toiles sont dénoncées par les nazis dans les expositions d'art «dégénéré»».

- La chèvre (1950)

Installé à Vallauris, Picasso crée des sculptures en assemblant des objets trouvés sur le chemin de son atelier: vêtements, plantes, objets domestiques qu'il lie avec du plâtre pour obtenir des êtres étranges (La guenon, Petite fille sautant à la corde).

- Le déjeuner sur l'herbe d'après Manet (1960)

En 1956, Picasso entreprend une «relecture de l'histoire de la peinture» avec des variations des Ménines de Velasquez, des Femmes d'Alger de Delacroix ou du Déjeuner sur l'herbe.