Ai Weiwei est peut-être l'artiste chinois le plus connu du monde et depuis ce week-end sont exposées à Alcatraz, l'ex-prison la plus célèbre du monde, une série de ses oeuvres sur l'idée de la liberté.

Les visiteurs de ce qui fut longtemps une île-prison, au large de la baie de San Francisco, peuvent consulter sept oeuvres multimédias, certaines dans des espaces habituellement fermés au public, créées par l'artiste-activiste, bête noire des autorités communistes chinoises.

Plusieurs pièces font référence à la lutte des indépendantistes tibétains, d'autres à Edward Snowden, qui a révélé l'ampleur de la surveillance des télécommunications et d'internet par les États-Unis, ou Chelsea Manning, ex-militaire américaine à l'origine de la plus grande fuite de documents confidentiels de l'histoire des États-Unis transmis au site WikiLeaks.

L'exposition Ai Weiwei sur Alcatraz prend une résonance d'autant plus forte que l'artiste pacifiste est lui-même privé de sa liberté.

Détenu pendant 81 jours en 2011, il est aujourd'hui dans l'interdiction de quitter le territoire chinois.

L'exposition permet «aux gens de réfléchir profondément à ce que cela veut dire d'être libre et ce que cela signifie pour l'égalité», a estimé Michelle Gee, porte-parole du service des parcs nationaux américains.

Les touristes étaient impressionnés à l'ouverture de l'exposition. «C'est comme faire l'expérience d'être réellement dans une cellule et en même temps d'entendre les mots ou les chansons de quelqu'un qui a été persécuté dans le passé», a raconté à l'AFP David Connors.

La conservatrice de l'exposition, Cheryl Haines, dit avoir été inspirée par sa rencontre avec l'artiste iconoclaste.

«Nous nous sommes assis et j'ai dit: «Weiwei je suis sûre que ça a été une vraie épreuve pour vous, y a-t-il une petite chose que je puisse faire?». Il a répondu: «Vous pouvez faire connaître mon travail à un public plus vaste»», a-t-elle expliqué.

Les thèmes de @Large («au large» ou «disparu», ou encore «échappé», selon plusieurs sens possibles en anglais) «sont très vastes et je pense qu'ils nous intéressent tous. Les droits de l'homme, la liberté d'expression, nos responsabilités individuelles, et quel rôle tout cela joue dans la création d'une société juste», a détaillé la commissaire d'exposition.

L'exposition à Alcatraz a été inaugurée ce week-end au moment où de vastes manifestations à Hong Kong, un mouvement surnommé «la révolution des parapluies», demandent des élections libres. Elle dure jusqu'en avril.