Près de 100 photos d'artistes réalisées par le célèbre photographe québécois Gabriel Desmarais - mieux connu sous le nom de Gaby - font l'objet d'une rétrospective dans le Quartier des spectacles et à la Grande Bibliothèque.

Dominique Michel sensuelle. Louis Armstrong surpris. Anne Hébert ricaneuse. Des artistes, Gaby en a photographié des centaines, peut-être des milliers, pendant sa carrière qui s'est déroulée des années 40 à 80.

Le grand Jean Cocteau disait des photos de Gaby (Gabriel Desmarais) qu'elles «ne se contentaient pas de penser ou de réfléchir, mais qu'elles parlaient». L'écrivain et cinéaste français était devenu son ami.

«Quand mon père est allé rencontrer Dalí à New York, celui-ci a qualifié Cocteau de «fils de pute». Mon père a tout remballé son matériel sans faire la photo. Le respect était primordial pour lui», raconte son fils Ronald, qui a participé à la préparation de la rétrospective de Gaby qui a lieu en ce moment à Montréal.

Des portraits grand format, 56 au total, sont exposées dans le Quartier des spectacles autour de la Place des Arts avec trame sonore, tandis que la Grande Bibliothèque montre 42 autres portraits de divers formats. Toutes en noir et blanc.

Mort à l'âge de 65 ans, Gaby a laissé derrière lui un corpus dense et varié. Son flair et son affabilité lui ont permis de faire l'une des toutes dernières photos d'Albert Schweitzer et la toute première de la femme du roi Hussein de Jordanie, qui a fait le tour du monde.

«Il était passionné par la postérité des gens célèbres, mais il aimait par-dessus tout les artistes, souligne M. Desmarais. De passage à Montréal, l'actrice Jayne Mansfield était venue à la maison et mon père l'avait photographiée dans notre jardin.»

Photographe convaincant

La technique Gaby était assez simple, raconte son fils. Le photographe traînait toujours un portfolio avec lui. Il pouvait démontrer ainsi l'étendue de son talent et convaincre les plus récalcitrants à se laisser «tirer le portrait».

«Les gens se sentaient en sécurité avec lui, dit Ronald Desmarais. Il savait les mettre à l'aise, attendre le bon moment et anticiper l'expression qui ferait une bonne photo. Une séance de portrait durait toujours au minimum une heure.»

Le portrait photographique dans les années 50 et 60 ne pouvait suffire à faire vivre une famille de trois enfants, se rappelle toutefois M. Desmarais.

«Il voyageait beaucoup, dit-il. Avant 1965, je ne le voyais pas beaucoup. Pour gagner sa vie, il allait dans les hôpitaux photographier les médecins.»

Mais Gaby n'a pas fait que du portrait durant son illustre carrière. «Il a été critiqué pour avoir pris en photo les Duvalier à l'époque, mais ce que les gens savent moins, c'est qu'il a fait des photos du peuple haïtien et de paysages de là-bas assez extraordinaires.»

Ronald Desmarais dit déjà travailler à une future exposition à ce sujet.

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Sur la Promenade des artistes du Quartier des spectacles jusqu'au 16 novembre; à la Grande Bibliothèque jusqu'au 7 juin 2015