Le peintre Yaroslav Gorbanevsky, fils de la grande figure de la dissidence soviétique Natalia Gorbanevskaya (1936-2013), a rendu hommage lundi à Prague au geste de sa mère qui avait courageusement dénoncé le 25 août 1968 à Moscou l'occupation de la Tchécoslovaquie par l'armée soviétique.

«Se souvenir aujourd'hui des victimes du communisme est primordial», a déclaré M. Gorbanevsky à l'AFP, exprimant l'espoir qu'«il n'y en ait jamais plus à l'avenir», 46 ans jour pour jour après la manifestation de sept dissidents soviétiques dont sa mère sur la place Rouge, à Moscou, immédiatement suivie de l'arrestation de ses participants.

M. Gorbanevsky, qui vit à Paris, est venu à Prague pour se joindre pendant 24 heures à une grève de la faim symbolique lancée par une initiative civique tchèque, pour commémorer les victimes des régimes communistes dont celles de l'invasion soviétique en Tchécoslovaquie.

Mme Gorbanevskaya avait été condamnée en 1968 à l'internement dans un hôpital psychiatrique spécial à Kazan (800 km à l'est de Moscou). Elle a été libérée deux ans plus tard à la suite d'une intense campagne de soutien en Occident.

«Elle m'a toujours dit qu'elle ne pouvait pas faire autrement, que c'était son choix personnel de montrer qu'elle n'était pas d'accord avec l'invasion», a dit M. Gorbanevsky, âgé de sept ans à l'époque.

«Elle ne l'a jamais regretté», a-t-il souligné.

Dans la nuit du 20 au 21 août 1968, une trentaine de divisions soviétiques, soutenues par des unités bulgares, hongroises, polonaises et est-allemandes, ont mis brutalement fin au rêve d'établir en Tchécoslovaquie un «socialisme à visage humain» symbolisé par le dirigeant réformateur, Alexander Dubcek.

L'invasion de la Tchécoslovaquie a fait 72 morts entre le 21 août et le 3 septembre 1968. Les troupes soviétiques n'ont quitté le pays qu'en 1990-1991, après la chute du régime communiste à Prague fin 1989.