Soutenue par l'Office du tourisme égyptien à Montréal, une exposition consacrée à Toutânkhamon est présentée au Hangar 16 du Vieux-Montréal. Constituée de répliques d'objets découverts en 1922 dans la tombe du pharaon, la visite éducative intéressera les jeunes et les amateurs d'Égypte ancienne.

Pour quelles raisons un important promoteur immobilier égyptien a-t-il décidé de financer Les trésors de Toutânkhamon, une exposition d'objets imitant de véritables pièces d'un pan important de l'histoire pharaonique? Notamment pour des raisons lucratives, a-t-on envie de répondre. Mais quand on considère les événements politiques en Égypte depuis le Printemps arabe et la menace que représentent les islamistes envers la culture préislamique, la reproduction de ces centaines d'artefacts de l'époque de Toutânkhamon est un geste opportun et louable pour préserver et promouvoir un passé fascinant.

Déjà présentée en Europe, l'exposition est un hommage aux égyptologues et au Musée égyptien du Caire où se trouvent la plupart des objets dont on expose quelque 500 reproductions sur toute la superficie du Hangar 16.

La visite débute par un documentaire de plus d'une heure sur la découverte du tombeau de Toutânkhamon (1345-1327 av. J.-C.) dans la vallée des rois par l'archéologue britannique Howard Carter. Si l'on est fasciné par le sujet, le visionnement en vaut la peine et représente une introduction pertinente à l'exposition.

On entre ensuite dans le vif du sujet avec des objets ayant appartenu à Howard Carter ou datant, semble-t-il, de cette époque: une radio, des pelles, une machine à écrire, un gramophone et des objets du quotidien. Tout au long de la visite, des photos de 1922 montrent le travail des explorateurs sur le site de la découverte.

Chambre funéraire

L'exposition est organisée selon les quatre pièces que l'égyptologue a découvertes les unes après les autres au sein de l'immense sépulture pharaonique, soit l'antichambre, la chambre funéraire, la salle des trésors et l'annexe.

La chambre funéraire est bien sûr la salle la plus intéressante. On y trouve une copie du célèbre masque d'or de Toutânkhamon (avec un vautour et un cobra sur son front) et, surtout, les reproductions à l'échelle des sarcophages trouvés par Howard Carter. Le pharaon avait été placé dans un sarcophage moulant son corps puis dans deux autres sarcophages extérieurs, eux-mêmes insérés dans une succession de coffres imbriqués les uns dans les autres, comme des poupées russes.

Ces immenses coffres de plusieurs mètres de hauteur, de largeur et de côté (à l'origine en granite) ont été placés dans la salle les uns à côté des autres. Le dernier, le coffre de chapelle, renferme une impressionnante copie de la momie de Toutânkhamon, avec son armure d'apparat sculptée de hiéroglyphes, son casque et ses sandales d'or. Autour de ce dernier coffre, on a reconstitué les hauts murs d'enceinte décorés de peintures qui le renfermaient sous terre.

Des copies de qualité inégale

Les autres pièces contiennent les objets destinés à accompagner le pharaon dans son séjour dans l'au-delà, notamment une coupe ornée d'un poème d'amour écrit par la jeune veuve de Toutânkhamon, mais aussi un contrat de mariage, un trône d'or, des parures, colliers, amulettes, lits funéraires à têtes d'animaux, chars d'apparat, vases, coffres, boucliers, tabourets, arcs, trompettes et crosses cérémonielles.

Les copies sont en général bien faites mais pas toutes avec la même précision. Certains objets ne ressemblent pas à des copies, mais à des antiquités du XXe siècle. Mais les organisateurs assurent qu'il s'agit bien de copies.

Un cartel décrit longuement chaque objet ou presque. Dommage que la langue française y soit souvent très malmenée.

Dans la salle des trésors, on trouve des statuettes représentant les serviteurs du pharaon, des reproductions de barques égyptiennes, de petites statues placées devant des naos, sortes de sanctuaires en bois, ainsi que des cercueils miniatures.

L'annexe comprend un fauteuil de célébration, des vases à huile, des amphores, des jeux, des paniers, des pantoufles en or, un boîtier à arcs et une reproduction des ustensiles de l'écolier Toutânkhamon, soit sa palette de scribe avec notamment des sortes de calames, ancêtres des crayons.

Imparfaite, l'exposition est riche d'enseignements et utile... faute de pouvoir admirer au Caire tous ces objets magnifiques découverts par Howard Carter. Un jour, peut-être?

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Au Hangar 16 du Vieux-Port (Quai de l'horloge), jusqu'au 26 août

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Une imitation de la momie de Toutânkhamon.