Le Musée des beaux-arts est le légataire universel du collectionneur allemand Cornelius Gurlitt, au domicile duquel avaient été retrouvées des oeuvres d'art volées à des juifs, a annoncé mercredi un communiqué du musée.

Le Musée indique avoir été «informé par un message téléphonique et écrit de Me Christophe Edel, l'avocat de M. Cornelius Gurlitt, décédé le 6 mai 2014».

Des centaines d'oeuvres d'art dont des toiles de maîtres volées à des juifs sous le nazisme, avaient été retrouvées il y a deux ans chez M. Gurlitt.

Selon ce message de l'avocat, «M. Cornelius Gurlitt a institué pour légataire universel, la fondation de droit privé du Musée des beaux-arts de Berne», indique le communiqué.

Le Musée bernois s'est déclaré surpris et très étonné de ce choix et a indiqué n'avoir «jamais, à aucun moment, entretenu la moindre relation» avec le collectionneur allemand.

Il reconnaît encore que ce legs, dont la valeur n'a pas été avancée mais qui, selon les médias allemands, se chiffrent en dizaines de millions et pourraient même atteindre un milliard d'euros, «pose toute une série de questions épineuses, notamment de nature juridique et éthique».

Le Musée déclare encore attendre d'avoir consulté les documents de ce legs et pris un premier contact avec les autorités compétentes, avant d'adopter «une position concrète et factuelle».

L'affaire Gurlitt a éclaté en novembre 2013, avec un scoop du magazine allemand Focus, qui révélait qu'une perquisition menée 20 mois plus tôt, en 2011, chez Cornelius Gurlitt à Munich avait permis la découverte de 1280 oeuvres d'art, présumées avoir été volées à des juifs sous le nazisme.

Cet ensemble comporte des dessins, et des huiles notamment signées Chagall et Matisse. Plus de 200 autres tableaux ont été trouvés dans un autre domicile, à Salzbourg en Autriche.

Cornelius Gurlitt avait hérité ces oeuvres de son père, marchand d'art et ancien directeur de musée, mort en 1956.

Son père, Hildebrand Gurlitt avait été laissé libre par l'armée américaine après la guerre et avait récupéré sa collection découverte à Hambourg par les Alliés.

L'enquête a montré que de nombreuses oeuvres avaient été décrochées des musées allemands et vendues légalement par le Reich.

Une autre partie de la collection avait été acquise par la famille Gurlitt avant 1930.

Un accord avait été conclu par Gurlitt avant sa mort avec l'Etat allemand concernant 590 oeuvres environ, pour lesquelles les descendants des anciens propriétaires spoliés ont un an pour se faire connaître et valoir leurs droits.