Le cinéaste britannique Peter Greenaway a inauguré mardi à Moscou une exposition qui redonne vie aux artistes de l'Avant-garde russe, du peintre Kazimir Malevitch et son Carré noir sur fond blanc au réalisateur soviétique Sergueï Eisenstein.

Le cinéaste, à qui l'on doit notamment Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant et The Pillow Book, s'est reconverti dans l'art vidéo après avoir déclaré que le cinéma était «mort». Il a depuis réalisé avec sa femme, la Néerlandaise Saskia Boddeke, des installations inspirées d'artistes comme Rembrandt.

Pour Moscou, le couple a monté une exposition nommée L'Âge d'or de l'Avant-garde russe parrainée par le consulat de Grande-Bretagne et le ministère russe de la Culture.

L'exposition se focalise sur les peintres, écrivains et réalisateurs russes du début du XXe siècle, qui ont rejeté les codes hérités du passé par le biais d'expériences radicales, avant que les autorités soviétiques ne décident que l'art devait être représentatif et dépeindre la vie des travailleurs.

«L'Avant-garde russe n'a jamais réellement fait corps avec l'establishment. Ils ont été censurés jusqu'à leur disparition», a expliqué aux journalistes Peter Greenaway lors du gala d'ouverture.

Le Britannique a créé le «libretto» pour cette exposition à grande échelle sur 18 écrans géants, avec des acteurs dans les rôles de 12 grandes figures, du poète révolutionnaire Vladimir Maïakovski à Malevitch. Le Carré noir sur fond blanc sert de thème visuel à l'événement.

Cette peinture iconoclaste de 1915 se retrouve dans la forme des pupitres et même dans celle des coussins pour les spectateurs, alors qu'un pinceau laisse une traînée de peinture noire sur les écrans.

Peter Greenaway, qui vient de fêter ses 72 ans, reconnaît que les Russes risquent d'être en désaccord avec sa vision de ces artistes.

«Quelqu'un m'a dit: «Ce n'est pas la manière dont j'imaginais Maïakovski» et «Ce n'est pas la façon dont les Russes voient Malevitch»», a-t-il concédé.

«Vous pourriez être très surpris par cette exposition. C'est - et nous ne nous en excusons pas -, un événement très subjectif», s'est justifié le Britannique, qui portait une veste à rayure et multipliait les anecdotes.

«J'espère que vous serez fasciné et excité par ce que vous verrez», a-t-il ajouté.

Son «libretto» comporte des citations des dramaturges Bertold Brecht et Maïakovski, lues par des acteurs en costume monochrome avec des touches de rouge, placés contre un fond noir.

«Lorsque vous entrez dans l'exposition, veillez à vous immerger et prenez votre temps», a conseillé Saskia Boddeke, recommandant aux visiteurs d'y rester au moins une heure et demi.