Un conservateur du Kunsthaus, le musée des beaux-arts de Zurich, et un avocat marchand d'art suisse ont été inculpés à New York, accusés d'avoir participé à la vente d'une toile faussement attribuée au peintre américain.

Plusieurs autres personnes sont visées par la plainte d'un milliardaire de Las Vegas Frank Fertitta III, déposée cette semaine, qui réclame l'annulation de la vente et des dommages et intérêts de 8,6 millions de dollars.

La toile attribuée à Rothko, Untitled (Orange, Red and Blue) avait été vendue en avril 2008 pour 7,2 millions de dollars, aidée par une recommandation d'Oliver Wick, spécialiste du peintre américain et à l'époque conservateur de la Fondation Beyeler à Bâle, selon l'acte d'accusation.

«Il n'avait fait aucune recherche indépendante sur l'authenticité de ce faux Rothko», affirme l'acte d'accusation.

Avant d'être vendue, la toile avait été exposée à la Fondation Beyeler en 2002. M. Vick avait ensuite écrit en 2005 un article sur le faux Rothko et une autre toile attribuée au peintre, qui servira comme argument de vente. Il écrira aussi peu avant la vente à l'avocate de l'acheteur: «Je confirme que cette oeuvre a été soumise à l'équipe, tout est parfait, autrement je ne voudrais pas être impliqué».

«Il était au courant des éléments montrant que la toile était un faux», affirme l'acte d'accusation, qui précise qu'il a été payé 300 000 dollars par la galerie new-yorkaise vendant la toile.

La vente avait été réalisée via un avocat résidant à Kilchberg, également marchand d'art, Urs Kraft, représentant le «vendeur non identifié», selon l'acte d'accusation.

Cette toile fait partie d'une série de plus de 30 faux, réalisés par un artiste chinois, et écoulés à New York sur une période de 14 ans, pour quelque 80 millions de dollars. Les faux étaient présentés comme des Rothko, Jackson Pollock, Robert Motherwell, Franz Kline, ou encore Willem de Kooning.

La fraude avait été découverte en 2009. La principale galerie new-yorkaise impliquée, Knoedler, a fermé brutalement en décembre 2011.

Glafira Rosales, la marchande d'art qui achetait les toiles à l'artiste chinois, et les avait revendues à la galerie, avait inventé une histoire rocambolesque sur leur provenance. Elle a plaidé coupable le 9 septembre dernier. Elle risque jusqu'à 99 ans de prison.