L'intérêt des écoles primaires et secondaires pour le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) est devenu si grand que l'institution devra ajouter un étage à son futur Pavillon pour la paix Michal et Renata Hornstein, voué à l'art international et à l'éducation, qui sera inauguré en 2017.

The Economist écrivait en décembre que le milieu muséal connaît actuellement dans le monde un boom inégalé dans l'histoire de la planète. Selon le magazine, il y aurait actuellement 55 000 musées sur Terre, soit deux fois plus qu'il y a 20 ans. Cet engouement, le Musée des beaux-arts de Montréal le vit au quotidien. Cette semaine, il annonçait qu'il avait atteint en un an un record d'affluence avec plus d'un million de visiteurs.

Hier, le MBAM a rencontré la presse pour annoncer que ce n'est pas un, mais deux étages du futur pavillon de la rue Bishop qui seront consacrés aux activités éducatives et communautaires, tant elles ont augmenté de façon «exponentielle».

Depuis l'ouverture des Studios Art & Éducation Michel de la Chenelière, en septembre 2012, l'enthousiasme pour le musée dépasse largement les attentes, a expliqué sa directrice générale et conservatrice en chef, Nathalie Bondil. Ce sont des dizaines de milliers d'enfants, de familles et d'associations qui viennent visiter le musée, écouter de la musique dans la salle Bourgie ou participer à des activités en atelier.

Le MBAM estimait en 2012 que la fréquentation du musée par les élèves, les groupes et les familles atteindrait 200 000 visiteurs par an d'ici 2017, mais cet objectif, qui représente le double des chiffres de 2010-2011, a déjà été atteint.

Il y a une telle demande que le musée a dû ouvrir ses locaux le lundi pour les écoles, car il manquait de plages horaires. Le musée est également obligé de tirer au sort des écoles pour distribuer une aide au transport des écoliers vers le musée, le ministère de l'Éducation ne le finançant pas, a expliqué Mme Bondil.

Embauches

S'il y avait trois ateliers éducatifs en 2011, il y en a actuellement sept et il y en aura dix en 2017. 

«Nos ambitions pour nos activités éducatives sont très grandes», dit Nathalie Bondil. Du coup, le musée a dû augmenter le nombre de ses éducateurs, souvent des artistes formés au musée: de 15 en 2011, ils sont 26 aujourd'hui.

Le volet éducatif du musée comprend notamment des programmes pour les enfants de moins de 5 ans, des projets-pilotes en art-thérapie et des présentations pour les jeunes mettant l'accent sur les échanges interculturels, l'homophobie, l'écologie ou le vieillissement.

Dans ce cadre, le musée vient d'embaucher une conceptrice en éducation, Mélanie Deveault, ex-professeure d'histoire de l'art et ex-coordonnatrice de l'action éducative au musée McCord, pour faire rayonner sa collection permanente dans les écoles du Québec.

Ambitieux, le projet-pilote dont elle est responsable vise à concevoir d'ici 2017 quelque 40 trousses scolaires destinées aux enseignants de 40 écoles et cégeps de tout le Québec. Ces contenus éducatifs exploiteront les oeuvres d'art du musée comme support pour aborder des thèmes multidisciplinaires tels que l'environnement, l'identité, la diversité culturelle et les stéréotypes.

Le directeur des services éducatifs au MBAM, Jean-Luc Murray, a expliqué hier que la mission sociale et plurielle du musée allait continuer à prendre de l'importance pour contribuer à former de meilleurs citoyens. 

«On sait que 90% des jeunes vivent leur premier contact avec un musée lors de sorties scolaires, a-t-il dit. Et des études montrent que les enfants qui sont en contact avec la culture et vont dans les musées réussissent mieux et ont une meilleure santé mentale.»

La collection permanente ne sera plus gratuite

Financé pour moitié par des fonds publics, le Musée des beaux-arts affirme que son projet d'expansion et la croissance de ses activités éducatives l'obligent à mettre fin à la gratuité de l'accès à sa collection. À partir du 1er avril, les plus de 30 ans devront payer 12$ pour la visiter. Le MBAM était le dernier grand musée canadien à offrir un accès gratuit à sa collection. «C'est une décision crève-coeur, mais on n'avait pas le choix», dit Nathalie Bondil. 

Toutefois, l'accès demeurera gratuit:

- Pour les moins de 31 ans

- Pour les étudiants et enseignants en arts

- Pour les familles qui participent aux activités éducatives du musée

- Pour les clientèles défavorisées

- Pour les visiteurs ayant acheté un billet pour une exposition temporaire

- Pour les membres VIP (la carte VIP vaut 65$)

- Pour les plus de 65 ans, tous les jeudis

- Pour tous les visiteurs venant au musée le dernier dimanche de chaque mois

- Pour les visiteurs venant au musée du 26 décembre au 2 janvier et durant la semaine de relâche.

Image: fournie par Atelier TAG/Jodoin Lamarre Pratte architectes en consortium

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