Le Conseil des arts du Canada a dévoilé hier les lauréats des prix du Gouverneur général en arts visuels et médiatiques de 2014: sont primés le sculpteur Kim Adams, la tisserande Sandra Brownlee, l'artiste multidisciplinaire Max Dean, l'artiste conceptuel Raymond Gervais, la photographe Angela Grauerholz, l'artiste médiatique Jayce Salloum, le conservateur Brydon Smith et la peintre Carol Wainio.

Ayant déjà reçu en 2010 le prix Ozias-Leduc, Raymond Gervais voit sa carrière couronnée par le prix du Gouverneur général. «On est soudain projetés dans l'actualité alors que notre création se fait dans le secret, a confié l'artiste de 67 ans à La Presse. Un artiste visuel est souvent invisible! Cela dit, ce prix est un privilège. J'en connais plusieurs qui l'auraient mérité. C'est une pause et une joie.»

Réputé sur la scène canadienne de l'art conceptuel pour sa démarche alliant installation, vidéo et performance, Raymond Gervais associe l'art plastique à la littérature et à la musique. Il a composé, en 1976, Les accords intuitifs, une oeuvre qu'il aimerait bien voir jouée à Montréal en même temps qu'il présenterait deux installations inédites au Québec, Finir et Achille Barclay, sorte de dialogue entre Claude Debussy et Samuel Beckett qu'il a montré à Paris. Ne reste plus qu'à trouver l'endroit...

Parmi les autres lauréats, signalons la photographe montréalaise d'origine allemande Angela Grauerholz. Par sa photo qui évoque la mémoire, l'artiste de 62 ans développe un espace-temps où se combinent la lumière, les motifs, les formes et les contrastes. Lauréate du prix Paul-Émile-Borduas en 2006, elle a cofondé le centre Artexte en 1980. Ses oeuvres ont été vues à la Biennale de Sydney de 1990, à la Documenta IX de Cassel, en 1992, au Carnegie International de Pittsburgh en 1995, au Musée d'art contemporain de Montréal la même année et à la Biennale de Montréal en 2002. Elle enseigne depuis 1988 à l'UQAM, où elle est directrice du Centre de design.

C'est également à l'UQAM que les amateurs ont découvert en ce début d'année la peintre Carol Wainio. D'origine finlandaise, elle exposait à la Galerie de l'UQAM ses oeuvres qui rappellent des contes de fées, mais d'où surgissent des allusions aux égarements en Occident. Titulaire d'une maîtrise de Concordia, elle a exposé dans de grands musées au Canada, à Amsterdam, aux États-Unis, en Chine et à la Biennale de Venise.

Né en Colombie-Britannique, le lauréat Jayce Salloum travaille depuis près de 40 ans en utilisant des images de la télévision, du cinéma et de la vidéo pour créer un corpus critiquant les médias de masse, la guerre et la violence en général. Photographe et artiste d'installations, il s'inspire souvent du Liban, la terre de ses grands-parents. Ses oeuvres sont collectionnées par de grands musées au Canada, aux États-Unis et en Europe.

Une tisserande et un sculpteur

Autre artiste récompensée, Sandra Brownlee est une tisserande de la Nouvelle-Écosse qui utilise la broderie depuis plus de 40 ans pour créer des oeuvres en improvisant de façon spontanée. Depuis la fin des années 70, elle expose régulièrement au Canada et aux États-Unis. Renommé pour ses sculptures fantastiques créées à partir d'objets recyclés ou industriels et de figurines, le Torontois d'origine albertaine Kim Adams voit également ses univers joyeux et curieux honorés par un prix du Gouverneur général. Cet artiste de 62 ans a exposé au Canada, en Autriche, aux Pays-Bas, à Bordeaux et à Barcelone.

Artiste de la performance, de la vidéo et de l'installation travaillant sur le jeu et la volonté de surprendre le spectateur, Max Dean aime le risque dans la multidisciplinarité. D'origine anglaise, cet artiste de 64 ans a présenté des performances au Canada, aux États-Unis, en Angleterre, en Allemagne, en Suisse et à la Biennale de Venise en 1999 et en 2001. Enfin, le conservateur qui a fait les beaux jours de l'art contemporain au Musée des beaux-arts du Canada (MBAC), Brydon Smith, a été récompensé pour son talent, sa passion et l'aspect visionnaire de son travail. On lui doit l'achat (pour le MBAC) de plusieurs pièces exceptionnelles, notamment des oeuvres de Marcel Duchamp au début des années 70, mais aussi d'Andy Warhol: chacune des huit boîtes de savon Brillo (Brillo Boxes) achetées 300$ en 1967 en vaut aujourd'hui 700 000$...