La Villa Médicis consacre pour la première fois en Italie une exposition au peintre français d'origine hongroise Simon Hantaï, «l'un des plus grands artistes de la seconde moitié du XXe siècle».

Prolongement romain d'une rétrospective organisée l'an dernier au Centre Pompidou à Paris, l'exposition présente quarante oeuvres réalisées entre 1958 et 2004 par l'artiste mort il y a six ans.

«Montrer le travail de Hantaï en Italie, c'est le rapporter dans un des lieux qui ont contribué à sa naissance, celui d'un long séjour en 1948, entre son pays d'origine, la Hongrie, et son pays de destination, la France», explique Éric de Chassey, directeur de la Villa Médicis et commissaire de l'exposition.

En vedette, deux tableaux «à petites touches et à écriture»: Peinture (Écriture rose) et À Galla Placidia (1958-1959), peints en 365 jours.

Le matin, l'artiste - qui adhéra au surréalisme avant de s'en éloigner - travaillait à la première oeuvre en recopiant les textes d'un missel augmenté de citations de Hegel, de Kierkegaard ou d'Hölderlin, et en disséminant des symboles religieux (croix, étoile de David et une tache qui évoque le renversement de son encrier par Luther).

L'après-midi, il s'attelait au second tableau, dont le titre renvoie au souvenir de sa visite du mausolée de Galla Placidia à Ravenne, avec sa coupole en mosaïques marquée d'une croix entourée d'étoiles.

«C'est ma peinture, je l'ai beaucoup regardée. Elle m'échappe et m'impressionne», disait l'artiste.

Les Italiens vont aussi découvrir le travail expérimental de Hantaï avec les Mariales ou les Tabulas. Hantaï froissait une immense toile, y confectionnait parfois une infinité de noeuds, et la badigeonnait d'une ou plusieurs touches de couleur. L'oeuvre, superbe, apparaissait quand il dépliait la toile.

«Comme il s'agissait de toiles immenses, nous devions nous mettre au moins à quatre pour les déplier, avec des amis ou bien les enfants de Hantaï au retour de l'école», a raconté à l'AFP Dominique Fourcade, l'un des commissaires de l'exposition de Beaubourg, présent au vernissage à Rome.

«D'abord, on entendait le «bang» des noeuds qui explosaient en même temps, et ensuite c'était la couleur qui explosait. Même la nature aux alentours paraissait fade: la couleur, la vie, étaient là, sur la toile», a-t-il ajouté.

L'une de ces oeuvres, la grande Mariale, qui appartient aux Musées du Vatican, n'avait pu être présentée à Paris.

Simon Hantaï, Villa Médicis à Rome, du 12 février au 11 mai.