Le musée Pointe-à-Callière donne samedi le coup d'envoi de sa troisième exposition permanente, Pirates ou corsaires?, qui élira domicile pendant 10 ans dans le bâtiment des anciennes Douanes. Une expo interactive destinée aux jeunes de 6 à 12 ans que La Presse a visitée... juste avant l'ouverture.

La direction de Pointe-à-Callière ne s'en cache pas. L'idée d'une expo permanente sur le thème des corsaires s'est imposée après le succès populaire de l'expo temporaire Pirates, corsaires et flibustiers, tenue en 2009. «On est parti de là», explique la directrice du projet permanent, Monique Camirand.

Comme dans cette expo vue par plus de 223 000 visiteurs, la pièce de résistance de Pirates ou corsaires? est un énorme bateau de corsaire de plus de 65 pieds de long. Mais contrairement à la première version de l'expo, tout se passe à l'intérieur du bateau. Selon la directrice du projet, il y a moins d'artefacts et plus d'interactivité.

«On invite les visiteurs à devenir les acteurs de cette histoire, qui se passe à la fin du XVIIe siècle, nous dit Monique Camirand. Il y a une approche d'action. On retrouve bien sûr des artefacts (armes, épées, outils, ustensiles de cuisine, etc.), mais nous voulons que les visiteurs vivent un peu l'expérience de ces marins de l'époque.»

Les visiteurs pourront ainsi s'amuser à remonter l'ancre grâce à un cabestan; se mettre les fers aux pieds pour expérimenter les châtiments des marins indisciplinés ou rebelles; deviner la ration quotidienne de nourriture des corsaires; armer des canons; se coucher dans un branle (sorte de hamac); faire des noeuds d'amarrage et même tuer des rats!

Le bateau a été construit dans les ateliers d'ACME, une firme qui construit notamment des décors de théâtre. Toute la muséographie a été réalisée par Carrier Communication et design. Certains objets de l'expo de 2009 se trouvaient au Musée naval de Québec. Ils ont été rachetés par Pointe-à-Callière. On parle de barils, de mâts, de voiles et de cordages.

Pierre Le Moyne d'Iberville

Le personnage central de l'expo n'est nul autre que Pierre Le Moyne d'Iberville, qui avant de donner son nom à une rue et un métro, était l'un des plus célèbres corsaires montréalais dans les années 1680. Il habitait d'ailleurs non loin du musée, selon Mme Camirand, dans la rue Saint-Paul, près de Saint-Sulpice.

Ce corsaire respecté était mandaté par le roi de France (Louis XIV) pour défendre le territoire de la Nouvelle-France contre les attaques des navires ennemis. Il relevait de Frontenac. Contrairement aux pirates, qui pillaient et volaient sans distinction, les corsaires représentaient en quelque sorte les forces de l'ordre.

On peut d'ailleurs voir plusieurs costumes d'époque prêtés par les Ateliers de Radio-Canada, qui avait diffusé en 1967 une série télé de 39 épisodes sur Pierre Le Moyne d'Iberville, rôle qu'a interprété Albert Millaire. Des maquettes de bateaux de corsaires construites par le cinéaste Frédéric Bach pour la série sont également exposées.

Projections

Parmi les autres attractions de Pirates ou corsaires?, les visiteurs pourront voir la reconstitution d'une bataille d'époque entre corsaires français et anglais. C'est la firme Ubisoft qui a conçu les images de synthèse de ce film de deux minutes. Ubisoft a également réalisé des tableaux qui reproduisent une auberge typique du XVIIIe siècle et que l'on retrouve au rez-de-chaussée.

Dans une autre projection en plongée, installée au centre du bateau, les visiteurs pourront voir une vidéo dans laquelle apparaissent cochons et poules, qui étaient conservés dans la cale du bateau, en ces temps-là, à des fins de consommation, évidemment.

On retrouvera enfin des cartes et des objets de navigation utilisés lors de ces expéditions où les corsaires-patrouilleurs de la Nouvelle-France défendaient l'entrée de leur territoire au large des côtes de Terre-Neuve. On y apprend, entre autres choses, que le Machault a été le dernier bateau coulé par les corsaires anglais en 1760, mettant ainsi fin à cette épique guerre des corsaires.