Paris se fait capitale mondiale de la photographie cette semaine, avec l'important salon Paris Photo, qui rassemblera de jeudi à dimanche au Grand Palais 136 galeries de 24 pays, dans un marché très dynamique.

«Il se vend en moyenne deux fois plus de photographies qu'il y a dix ans», en ventes publiques, déclare à l'AFP Thierry Ehrmann, président d'Artprice, numéro un mondial des données sur le marché de l'art.

Les ventes aux enchères de photographies dans le monde sont passées de 50 millions d'euros en 2002 à 115,5 millions d'euros en 2012 (après un trou d'air en 2009 dans la foulée de la crise financière), selon une étude Artprice qui sera publiée à l'ouverture du salon.

«Le cru 2013 s'annonce excellent. Au premier semestre, les ventes ont été de 63,3 millions d'euros. Le second semestre étant toujours plus fort, notamment grâce aux enchères de novembre à New York et Paris, on peut s'attendre pour 2013 à un produit de ventes nettement supérieur à celui de l'an dernier», ajoute le fondateur d'Artprice.

Plusieurs photographies pourraient partir à plus d'un million de dollars, lors des ventes d'art contemporain cette semaine à New York. Christie's propose ainsi mardi une petite épreuve de 1979 de l'artiste Cindy Sherman estimée entre 1 et 1,5 million $.

La photographie contemporaine est particulièrement prisée. Les artistes vivants génèrent plus de chiffre d'affaires que les photographes décédés. Dans le classement des photographes ayant réalisé le plus fort montant de ventes entre juillet 2012 et juin 2013, c'est l'Allemand Andreas Gursky (né en 1955) qui arrive en tête (plus de 12 millions d'euros sur son nom), suivi de l'Américain Richard Prince (né en 1949) et de Cindy Sherman (née en 1954). Le surréaliste Man Ray (1890-1976) est quatrième.

Sur les dix meilleures enchères photo jamais réalisées, neuf récompensent des artistes vivants: Andreas Gursky est monté jusqu'à  2,76 millions d'euros en 2011 pour Rhein II, Jeff Walls à 2,45 millions en 2012 pour Dead Troops Talk. Un seul photographe décédé, Edward Steichen (1879-1973), se trouve dans le «Top Ten» avec une photographie vendue 2,18 millions d'euros en 2006.

«En phase avec son temps»

Le marché est également ouvert aux petits budgets. La gamme de prix étant très large. Près de 40% des lots se vendent moins de 1000 euros alors que moins de 3% des lots sont adjugés plus de 50 000 euros.

Pour un collectionneur, la photographie offre de nombreux avantages», estime M. Ehrmann: «C'est un médium en phase avec son temps, plus facile à stocker qu'une installation ou une vidéo». Et moins cher.

La 17e édition de Paris Photo, qui ouvre dès mercredi aux professionnels et aux collectionneurs sous la nef majestueuse du Grand Palais, est une bonne occasion de partir à la chasse ou de découvrir un large panorama de la photo ancienne et contemporaine.

«Les prix varient de 1000 à 500 000 euros», explique à l'AFP Julien Frydman, directeur de Paris Photo. Sur la foire, le gros du marché se situe entre 5000 et 20 000 euros».

Arrivé il y a trois ans à la tête de ce salon détenu par Reed Expositions, M. Frydman s'est donné pour objectif de «décloisonner la lecture de la photographie».

«Auparavant il manquait des artistes importants à Paris Photo car ils étaient représentés par des galeries généralistes et non par des galeries spécialisées dans la photo», rappelle-il.

«Il fallait sortir de l'entre-soi. J'ai fait venir de grandes galeries d'art», souligne cet ancien directeur de l'agence Magnum Photos à Paris.

Cette année, 136 galeries internationales sont présentes contre 128 l'an dernier. Vingt-sept sont nouvelles (303, Cheim & Read et Metro Pictures viennent de New York, Vasari de Buenos Aires, Tasveer de Bangalore, Glaz de Moscou). Un tiers des galeries sont françaises.

La foire présente également 27 éditeurs spécialistes du livre de photographie.

Le billet d'entrée se monte à 28 euros (tarif plein).