Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) célèbre la bande dessinée jusqu'au 30 mars en présentant l'exposition La BD s'expose au musée, à l'occasion du 15e anniversaire de la maison d'édition La Pastèque. Quinze de ses bédéistes ont créé des dessins originaux en s'inspirant d'une oeuvre de la collection du musée.

Le MBAM s'intéresse à la bédé depuis 1980, quand le directeur Pierre Théberge avait organisé Le musée imaginaire de Tintin. En attirant les enfants au musée, on attirerait les parents aussi, avait-il dit, souhaitant que la culture populaire imprègne les murs de l'institution de la rue Sherbrooke.

Depuis, d'autres initiatives de ce type ont été prises, notamment Snoopy entre au musée en 1982 et Big Bang en 2011, exposition à laquelle le dessinateur Michel Rabagliati a participé avec une vingtaine d'artistes. Rabagliati avait créé une bédé en 12 planches dans laquelle son personnage Paul se promène dans le musée et découvre une sculpture, Les sirènes, d'Auguste Rodin.

Les bédéistes vedettes

C'est dans le même esprit d'une collaboration entre bédéistes et oeuvres du musée que le MBAM célèbre les 15 ans de La Pastèque.

Les bédéistes Isabelle Arsenault, Pascal Blanchet, Paul Bordeleau, Pascal Colpron, Cyril Doisneau, Patrick Doyon, Jean-Paul Eid, Pascal Girard, Réal Godbout, Janice Nadeau, Michel Rabagliati, Marc Simard, Rémy Simard, Siris et Leif Tande ont choisi une oeuvre du musée et s'en sont inspirés pour créer une illustration originale. Ces créations sont présentées dans deux salles du musée aux côtés des oeuvres choisies par les bédéistes.

«Les oeuvres [du musée] parlent plusieurs langages», dit Nathalie Bondil, directrice et conservatrice en chef du MBAM. «Elles peuvent établir des passerelles vers d'autres imaginaires et d'autres clientèles, au-delà de l'histoire de l'art. Cette exposition permet d'affirmer l'importance de la bédé au Québec et l'excellence de La Pastèque, tout en décloisonnant la collection.»

La Pastèque publie également pour ses 15 ans un album souvenir qui comprendra les oeuvres originales exposées au musée, un historique de la maison d'édition, des textes signés par des personnalités du monde du livre et une entrevue avec Martin Brault et Frédéric Gauthier, fondateurs de La Pastèque.

Cinq questions à La Pastèque

Fondateurs de La Pastèque, Frédéric Gauthier et Martin Brault fêtent les 15 ans de leur maison d'édition.



Q Pourquoi avoir créé La Pastèque?


R On était libraires spécialisés dans la bédé. Il se passait plein de choses en Europe, aux États-Unis et ailleurs, alors qu'ici, ça stagnait depuis la mort de Croc. On a démarré La Pastèque pour apporter du renouveau dans la bédé québécoise, apporter un soutien éditorial de choix et exporter des oeuvres en France.

Q La Pastèque a publié plus de 140 titres. Les bédéistes étaient-ils québécois autant qu'étrangers?

R Environ70% de nos auteurs sont québécois, les autres sont des Français, des Autrichiens et des Argentins. Dès le départ, notre volonté était d'aller chercher des auteurs étrangers d'autant qu'au début, 80% de notre chiffre d'affaires était fait en France. Maintenant, c'est 70% ici et 30% en France.

Q La bédé québécoise est-elle distincte par rapport à la bédé européenne?

R Ce qui démarque le Québec, c'est la diversité des styles. Les auteurs québécois font à peu près de tout et on parle enfin de ce qui se passe chez nous. Sinon, la bédé québécoise n'est pas vraiment différente.

Q La bédé est-elle aussi populaire ici qu'en Europe?

R On a parcouru énormément de chemin depuis 15 ans, mais ce n'est pas comparable à la popularité de la bédé en France ou en Belgique où elle est implantée depuis 70 ans. Rien qu'en France, il y a 300 libraires spécialisées en bédé et le nombre de lecteurs et de collectionneurs est évidemment beaucoup plus grand.

Q Pour La Pastèque, c'est important cette exposition au MBAM?

R Pour La Pastèque et pour la bédé québécoise, c'est la plus belle reconnaissance grand public qui soit. C'est inattendu et extraordinaire pour la visibilité que ça donne aux auteurs et à la bédé québécoise. On ne pouvait pas espérer mieux.