La salle réservée pour la première vente aux enchères d'art est-africain était pleine à craquer, mardi soir, à Nairobi et mercredi les organisateurs se félicitaient d'avoir écoulé 90% des oeuvres, nouveau signe d'un engouement croissant pour la création artistique régionale.

«Cela a été un réel succès (...) Je ne peux même pas y croire,» a glissé Danda Jaroljmek, de Circle Art, agence basée dans la capitale kényane qui organisait l'événement.

Selon elle, l'oeuvre la plus chère est partie pour 1,7 million de shillings, quelque 14 700 euros, soit le double du prix catalogue. Il s'est agi d'une peinture à l'huile intitulée Celebration, de l'artiste ougandais Geoffrey Mukasa, qui représente une scène vivante de danse et percussions.

Mardi soir, la vente aux enchères s'est tenue dans un hôtel cinq étoiles flambant neuf de la capitale kényane. Des centaines d'acheteurs potentiels, pour beaucoup entassés au fond de la salle par manque de place, s'étaient déplacés pour l'occasion.

«Deux ou trois oeuvres ne se sont pas vendues, mais beaucoup sont parties pour beaucoup plus» que leur estimation, a poursuivi Mme Jaroljmek, ajoutant que l'ensemble de la vente avait rapporté 18,5 millions de shillings.

La plupart des artistes dont les oeuvres étaient proposées à la vente étaient Kényans, mais d'autres venaient d'Ethiopie, de Tanzanie, d'Ouganda ou du Soudan. Plus de la moitié des oeuvres - peintures et sculptures - ont été achetées par des collectionneurs locaux.

Le succès de l'événement est un signal de plus de l'intérêt croissant porté au marché de l'art d'Afrique de l'Est. Un marché encore largement devancé il y a peu par ceux d'Afrique occidentale et mériodionale.

«Fantastique pour les artistes!»

En début d'année, les oeuvres de huit artistes kényans chevronnés avaient déjà été vendues à Londres par la maison d'enchères Bonhams.

Même si ces oeuvres n'avaient été proposées que lors d'une vente caritative, à la veille de la grande vente d'art africain contemporain Africa Now, elles n'avaient été visibles jusque-là qu'à Nairobi et étaient pour la première fois exposées dans la capitale britannique.

Pour Wanyu Brush, artiste kényan d'une soixantaine d'années, la vente aux enchères s'est «bien passée». L'artiste a vu partir son aquarelle sur papier Christ in the manger pour 1515 euros.

Sane Wadu, cofondateur avec Wanyu Brush de l'association des Artistes de Ngecha, a pour sa part vendu son acrylique sur papier World Trade Centre, peint il y a 25 ans à l'occasion d'un voyage à New-York, pour 11 250 euros, soit le double de la fourchette haute de l'estimation.

«C'est fantastique pour les artistes», a estimé Junho Lee, un collectionneur sud-coréen, propriétaire de plus de 400 pièces d'art africain.

Le commissaire-priseur, Dendy Easton, a de son côté confié n'avoir «jamais vu autant de personnes à la fois dans une salle de vente aux enchères». «En Angleterre, nous n'avons pas ça», a-t-il ajouté.

La dernière oeuvre proposée mardi soir, intitulée Auction, était une peinture du Kényan Michael Soi. Longue de deux mètres, elle met en scène un jeune commissaire-priseur roux pop art. «C'est moi avec des cheveux», a plaisanté M. Easton.

À la satisfaction de l'auteur de la toile, prisé de la communauté expatrié de Nairobi mais qui s'est longtemps plaint que ses compatriotes boudaient son travail, c'est un avocat kényan vivant à Londres qui l'a achetée. Pour Auction, il a déboursé quelque 2100 euros.