À quarante ans, la Foire internationale d'art contemporain (Fiac), qui se tient de jeudi à dimanche à Paris, affiche un dynamisme rayonnant, essaimant dans divers lieux prestigieux parisiens pour mieux attirer les collectionneurs.

Outre le Grand Palais, sculptures et installations parfois monumentales vont investir le Jardin des Tuileries et le Jardin des Plantes où danse un lièvre géant (Nijinsky hare) de Barry Flanagan. Cette année, la Fiac «hors les murs» gagne également les Berges de la Seine.

La Place Vendôme, coeur de la joaillerie de luxe, accueille plusieurs petites huttes en bois poétiques du Japonais Tadashi Kawamata. L'une d'elle est même parvenue à se nicher sur la Colonne napoléonienne, avec la bénédiction des Monuments historiques.

Dès mercredi, les professionnels et les collectionneurs pourront commencer à découvrir l'offre du Grand Palais. Le public sera accueilli à partir de jeudi. «Nous attendons des collectionneurs de partout. Il y a une vraie effervescence autour de l'événement», déclare à l'AFP Jennifer Flay, directrice de la Fiac.

Heureux hasard: juste avant que la fête de l'art contemporain commence, les professionnels français du marché de l'art ont obtenu gain de cause sur un sujet qui les préoccupait fortement, la TVA à l'importation d'oeuvres d'art. Son taux a finalement été réduit à 5,5% vendredi par les députés, avec l'accord du gouvernement.

Dans le projet de budget 2014 présenté fin septembre, le gouvernement avait prévu de relever à 10% ce taux actuellement à 7%, suscitant l'inquiétude des galeristes, des maisons d'enchères et des antiquaires. «Une telle hausse, en dissuadant de vendre des oeuvres à Paris, aurait porté un coup très dur au marché français qui a retrouvé du prestige et du luxe en s'internationalisant», commente Guillaume Cerutti, pdg de Sotheby's France, interrogé par l'AFP.

«La Fiac aurait été impactée par une telle hausse, c'est évident», déclare Jennifer Flay. Cette ancienne galeriste, d'origine néo-zélandaise, souligne qu'il lui a «fallu longtemps pour rebâtir cette foire, avec son équipe».

«Attachement à Paris»

Pour les trente ans de la foire, en octobre 2003, Beaux-arts Magazine avait fait sa Une sur «La Fiac, anniversaire ou enterrement?», se souvient Mme Flay. «Lorsque je suis arrivée en novembre 2003, la foire était moribonde».

La Fiac a regagné depuis 2006 son écrin restauré du Grand Palais après des années d'exil Porte de Versailles.

«Je suis très heureuse d'avoir pu - avec Martin Bethenod pendant un certain moment - ramener la Fiac à une position de reconnaissance internationale indiscutable. À quarante ans, elle est puissante. Elle rayonne sur Paris et au-delà de nos frontières», estime Mme Flay.

Cette année, la foire rassemblera sous la nef du Grand Palais 184 galeries venues de 25 pays. Les galeries françaises, au nombre de 55 (contre 61 l'an dernier), représentent 30% des exposants.

Les États-Unis renforcent encore leur présence avec 33 galeries (elles étaient 22 en 2010 et 30 en 2012). L'Allemagne vient ensuite avec 22 galeries. L'Italie (13 galeries), le Royaume-Uni (12), la Belgique (11), la Suisse (5) et le Brésil (5) sont les autres pays les plus représentés.

«Généraliste», la Fiac, qui couvre une vaste période allant du début du XXe siècle jusqu'à l'art émergent, ne dispose que d'un peu plus de 9000 m2 commercialisables, soit beaucoup moins que sa concurrente suisse Art Basel (22 000 m2).

L'ADN de la Fiac «est de toute évidence son attachement à la ville de Paris, ses relations avec les institutions culturelles qui se sont ralliées ces dernières années à l'événement, en programmant des expositions nombreuses et de qualité au moment de la foire», relève Mme Flay.