On connaît tous par coeur les penchants de René Magritte pour les chapeaux melons, les trompe-l'oeil et sa fameuse pipe qui n'en est pas une. Reste que l'importante rétrospective que lui consacre le MoMA de New York est une fort belle occasion de redécouvrir son oeuvre. Plaisir assuré.

Deux hommes en chapeau melon, un gramophone, une femme nue étendue et ensanglantée, trois personnes lorgnant par une fenêtre, une aura de mystère: le premier tableau de la rétrospective Magritte du Museum of Modern Art de New York nous replonge dans l'univers surréaliste du peintre belge.

Comme bien des pièces de René Magritte, cette toile de 1927 intitulée L'assassin menacé semble raconter une histoire dont on devient le narrateur forcé. C'est au spectateur de laisser son imagination construire l'histoire.

Faux-semblants, images énigmatiques, scènes improbables, perspectives impossibles: les quelque 80 tableaux, sculptures, collages et autres photographies de cette imposante rétrospective ont tous été conçus au début de la période surréaliste de René Magritte, entre 1926 et 1938.

Intitulée Le mystère de l'ordinaire, l'expo s'ouvre sur les oeuvres créées à Bruxelles en 1926 et 1927. Dans le lot, il y a plusieurs pièces commerciales (Magritte a réalisé des illustrations de mode) et quelques collages.

On retrouve Le jockey perdu, un des tout premiers collages surréalistes réalisés en 1926 alors que le mouvement prenait son essor à Bruxelles sous l'impulsion du poète Paul Nougé.

Le penchant du peintre pour les titres poétiques et obscurs est alors déjà bien présent. Comme le rappelle une des vignettes de l'expo, Magritte «utilisait fréquemment des appellations mystérieuses afin de compliquer encore davantage le sens de ses images déjà énigmatiques».

La deuxième partie de l'exposition est consacrée aux années que le peintre passa à Paris. Très prolifique, Magritte y peindra notamment son célèbre tableau La trahison des images et son fameux sous-titre Ceci n'est pas une pipe.

À la suite du krach boursier et de dissensions personnelles avec André Breton, le leader du mouvement surréaliste parisien, Magritte retourne à Bruxelles en 1930. La troisième et dernière partie de l'exposition est consacrée à cette période. On y retrouve notamment sa fameuse peinture La condition humaine montrant un tableau à l'intérieur du tableau, illustrant à quel point toute oeuvre d'art est d'abord et avant tout une fabrication de la réalité.

C'est également dans cette partie que l'on découvre quelques-unes de ses «toiles découpées», comme celle du corps d'une femme déconstruit en cinq cadres (L'évidence éternelle).

Parmi les dernières pièces présentées, se trouvent deux des immenses toiles que Magritte a réalisées pour le Britannique Edward James.

> L'exposition est présentée au MoMA jusqu'au 12 janvier.