La plus grande exposition de gouaches découpées de Matisse, procédé inventé par l'artiste à la fin de sa vie et qui avait rendu Picasso jaloux, sera présentée à la Tate Modern à Londres en avril, avant une autre et unique halte, à New York.

«À la fin de sa vie, Matisse avait un mal extrême à peindre. Du début des années 40 (à sa mort en 1954), il a utilisé une technique qu'il avait déjà expérimentée à une ou deux reprises en prenant des feuilles de papier coloré, en les découpant et en en faisant des compositions», a expliqué le directeur de la Tate, Nicholas Serota, vendredi lors d'une conférence de presse à Londres.

L'exposition, qui comprendra quelque 120 oeuvres venues du monde entier - musées et collections privées -, sera «la plus importante jamais organisée sur le travail de Matisse pendant sa phase» de couleurs découpées, a-t-il estimé.

«Les oeuvres sont fragiles, en papier, en couleurs (...), et font partie des pièces les plus précieuses» appartenant à des musées comme la Tate Modern, a-t-il expliqué. Par exemple, L'escargot (1953), n'a jamais quitté Londres depuis les années 60, mais sera exposé à New York dans le cadre de cette exposition exceptionnelle. «Et l'équivalent est vrai pour d'autres oeuvres qui seront présentées à Londres», a expliqué Nicholas Serota.

Parmi ces pièces, plusieurs Nus bleus, oeuvres emblématiques du Français Henri Émile Benoît Matisse (1869-1954), Icare, réalisé pour le magazine avant-gardiste Jazz, ou encore Mimosa.

Une photo prise dans l'atelier de l'artiste a aussi permis de révéler que trois oeuvres présentées jusqu'à présent séparément (L'escargot, Mémoire d'Océanie et La grande décoration aux masques), ne faisaient en fait qu'un tout. Elles seront réunies à Londres, pour la première fois depuis leur réalisation.

Ces découpages «ne ressemblent à rien de ce qui était fait à l'époque», relève le commissaire de l'exposition, Nicholas Cullinan, qui a travaillé quatre ans sur ce projet. Picasso, voisin de Matisse dans le sud de la France, était «abasourdi et plus que jaloux de son travail, parce que c'est incroyable pour un artiste à la fin de sa vie, non seulement d'inventer un nouveau style, mais aussi un tout nouveau média», raconte-t-il.

Matisse voulait «sculpter les couleurs avec des ciseaux», poursuit-il, avec à l'appui une photo de l'artiste assis sur une chaise roulante, pieds nus, chevelure et barbe blanches, en train de découper des feuilles Canson dans son atelier, un tapis de papiers colorés au sol.

La Tate accueillera l'exposition Henri Matisse: les gouaches découpées du 17 avril au 7 septembre 2014, avant qu'elle ne soit présentée au Museum of Modern Art de New York du 14 octobre 2014 au 9 février 2015.