Une centaine de planches originales, de dessins et de toiles d'Enki Bilal dialoguent avec de surprenants trésors du Musée des arts et métiers, choisis par l'artiste, dans l'exposition Mécanhumanimal, symbiose esthétique entre homme, animal et machine.

À partir d'aujourd'hui et jusqu'au 5 janvier 2014, les visiteurs pourront plonger dans l'univers fantasmé de ce poète visionnaire qui a pioché dans les réserves du musée pour dénicher et détourner des objets insolites entrant en résonance avec son oeuvre, des années 1970 à nos jours.

C'est la première fois que le Musée des arts et métiers accueille un artiste

Pourquoi ce nom énigmatique de Mécanhumanimal? «Mes bandes dessinées et mon travail pictural s'inspirent des ponts qui existent entre humains et animaux, souvent favorisés par la technologie, ce mot s'est donc imposé», explique à la presse Bilal qui adore forger des néologismes et mène depuis longtemps une réflexion sur les rapports entre l'homme et l'innovation technique. L'artiste a aussi réalisé cinq toiles pour l'exposition, qu'il prépare depuis plus de deux ans, dont Machine à tailler les engrenages coniques.

Entre performance et installation, l'exposition, conçue par le Musée des arts et métiers et 9e Art+, organisateur du Festival international de la BD d'Angoulême, s'articule autour de cinq thèmes: Passions humaines, Animaux, Monstres et hybrides, Rêves de machines, Conflits et planètes.

Le visiteur est accueilli par l'index grandeur nature de la Statue de la Liberté, rebaptisé Indexeur de liberté, puis plonge dans les différents mondes de l'auteur de la trilogie Nikopol, de Animal'z ou Julia & Roem sur fond de musique tour à tour inquiétante ou poétique, avec une mise en scène intimiste.

Ainsi, des planches de l'album La femme piège (1986) côtoient une évocation de la salle de bain de l'héroïne, avec un miroir surplombant un lavabo dans lequel le visage du visiteur se transforme en tête de mort. À sa gauche, une «fontaine à radium», issue des collections du musée, rappelle que dans les années 30 la radioactivité était synonyme de cure de jouvence et de beauté....

Des réflexions de chercheurs et d'artistes invités par Bilal complètent l'exposition et se retrouvent, comme ses oeuvres, dans le livre Mécanhumanimal publié par Casterman.

Né en 1951 en Yougoslavie, auteur de BD majeur, Grand Prix du Festival d'Angoulême en 1987, également réalisateur, Bilal a déjà pris part il y a quelques mois à l'exposition Les fantômes du Louvre.