Homme de cour et de lettres, diplomate, le peintre flamand Rubens (1577-1640) est à l'honneur au Louvre-Lens, antenne du prestigieux musée parisien dans cette ville du nord de la France, qui lui consacre sa première exposition internationale, L'Europe de Rubens.

L'exposition, à partir de mercredi, «va bien au-delà d'une simple réunion d'oeuvres de Rubens, explique à l'AFP le commissaire de l'exposition Blaise Ducos: «J'ai voulu montrer l'Europe de Rubens dans sa variété, donner des repères dans ce continent qu'est l'oeuvre de Rubens».

«Le grand propos de l'exposition, c'est de sortir Rubens du feu d'artifice baroque», explique M. Ducos, «pour montrer qu'il est l'homme d'un parti, d'un clan, d'une dynastie, d'une religion: les Habsbourg, les Espagnols essentiellement, et la religion catholique». «La Rome des papes, c'est le coeur de l'Europe de Rubens».

Quelque 170 oeuvres, dont plus de la moitié de Rubens lui-même, prêtées par 53 musées et particuliers, sont présentées jusqu'au 23 septembre dans la galerie d'exposition temporaire du Louvre-Lens, sur quelque 1800 mètres carrés.

«Rubens est quelqu'un qui pense, qui rêve, qui peint en grand: tout se fait à une grande échelle. Dans un espace comme celui-ci, cela convient à merveille», se félicite Blaise Ducos, conservateur au département des peintures du musée du Louvre.

L'Europe de Pierre Paul Rubens est d'abord celle des cours d'Espagne, de France et d'Angleterre, des rois et des princes qui lui commandent décors et portraits. Une imposante Anne d'Autriche, reine de France, peinte en 1622, accueille le visiteur, entourée de Philippe III d'Espagne et de Marie de Médicis.

«Corps excessifs, puissants, héroïsés»

Installé à Anvers, que les conservateurs de musée surnomment «le Hollywood de l'image du XVIIe siècle», selon Blaise Ducos, Rubens fait travailler plusieurs dizaines de collaborateurs dans son atelier qui produit peintures et gravures.

«Rubens, c'est l'histoire d'un grand succès commercial et social», explique Blaise Ducos. Le peintre, qui pour l'essentiel réalise des commandes, «vit comme un prince», souligne-t-il.

Fasciné par Michel-Ange, Rubens peint «des corps excessifs, puissants, héroïsés», analyse Blaise Ducos devant une série d'écorchés.

Grand voyageur, alors que la majorité de la population de l'époque naît, vit et meurt au même endroit, Rubens est aussi un intellectuel, qui, comme Léonard de Vinci, note ses pensées sur des carnets.

Il se passionne pour le Grand Camée de France, une pierre impériale romaine, prêtée au Louvre-Lens par la Bibliothèque nationale de France, et s'attache à en découvrir le sens.

Cette exposition est la première grande exposition internationale du Louvre-Lens, qui a accueilli 500 000 visiteurs depuis son inauguration en décembre 2012.

«On a des emprunts aussi bien de Los Angeles, Washington, New York que de Copenhague, Madrid, Vienne ou Paris», souligne le directeur du musée Xavier Dectot. «C'est l'occasion d'implanter intellectuellement le Louvre-Lens dans ce paysage international», explique-t-il à l'AFP.