Cofondateur du mouvement artistique Arte Povera «contre l'industrie culturelle et la société de consommation», le peintre et sculpteur italien Michelangelo Pistoletto, 80 ans, est l'invité du musée du Louvre à Paris à l'occasion d'une carte blanche du 25 avril au 2 septembre.

Après d'autres artistes et grandes figures de l'art contemporain dont Jan Fabre, Abbas Kiarostami, Le Clézio, Wim Delvoye, Enki Bilal ou Walid Raad, Michelangelo Pistoletto présente une quinzaine de ses oeuvres les plus célèbres au sein des collections classiques du Louvre, en résonance avec les chefs-d'oeuvre de la peinture italienne, les antiquités grecques et romaines et le département médiéval.

Non loin de la Victoire de Samothrace, l'artiste italien a installé sa Vénus aux chiffons, une oeuvre de 1967 composée d'une sculpture académique en marbre entourée d'un amoncellement de morceaux de tissus.

«Avec cette installation, j'évoque l'idée de régénération et de la récupération: chaque chiffon peut composer un nouveau vêtement», a expliqué à l'AFP Michelangelo Pistoletto qui a également mis en place ses tableaux-miroirs dans plusieurs salles «pour refléter à la fois le passé et le présent, les oeuvres et les visiteurs».

Côté Louvre médiéval, sur les remparts de Charles V, l'artiste a accroché des phrases lumineuses en néons de couleur célébrant l'amour des différences dans toutes les langues de la Méditerranée. «Les apports culturels des différentes nations peuvent aider aux transformations par des politiques nouvelles», plaide Pistoletto.

Tout près, l'artiste a installé aussi son Mètre cube d'infini, une oeuvre de 1966 faite de six miroirs se faisant face et reliés par une corde. Lors d'une performance mardi midi, Pistoletto a brisé à la masse un des exemplaires de son Mètre cube d'infini «pour que l'infini devienne fini», a-t-il expliqué.

«L'opportunité d'exposer au Louvre est pour moi une chance extraordinaire. Le musée offre une vision globale de l'histoire de l'humanité à travers l'art et le mythe. Une exposition de mes oeuvres au Louvre, à ce moment précis de l'histoire, me permet de faire le point sur la situation actuelle», estime l'artiste.

Au coeur de la cour Marly, Pistoletto a installé un immense obélisque en miroir surmonté d'un symbole en tissus colorés figurant le Troisième paradis, concept élaboré par l'artiste, et qui, le temps de carte blanche, s'affichera aussi sur la pyramide du Louvre.