Explorateur dans l'âme, Laurent Lamarche est fasciné par le geste qui fait surgir de la matière inerte une créature à l'apparence pluricellulaire. La Maison de la culture Frontenac présente Fossile, une installation qui illustre son intérêt à relier l'art aux sciences de la vie et à confier au hasard le soin de laisser des traces.

Laurent Lamarche s'intéresse à l'estampe, au multimédia, à la photo, à la sculpture et aux installations. Représenté par la galerie Art Mûr, cet artiste de 35 ans - qui a obtenu sa maîtrise en arts visuels à l'UQAM l'an dernier - a exposé une dizaine de fois au Québec mais aussi aux États-Unis, en Espagne, au Danemark, en Chine et en Italie. On peut trouver ses oeuvres dans des collections publiques, telles qu'au Musée national des beaux-arts du Québec, au Cirque du Soleil, chez Loto-Québec, à Tourisme Montréal et à l'université Berkeley de Californie.

À l'occasion, il travaille comme technicien en installation au Musée des beaux-arts de Montréal. C'est dans les ateliers de ce musée qu'il a découvert, un jour, une retaille de plexiglas d'un pouce qui, finalement, est à la source de Fossile.

«J'ai fait des essais dans mon atelier et j'ai été fasciné par les possibilités que le plexiglas m'offrait comme sculpteur, comme graveur et comme peintre», dit-il.

Avec son installation présentée dans le noir, on s'évade dans un environnement qui semble s'apparenter autant au règne animal que minéral. Un des trois éléments de Fossile est une sorte de monolithe formé de cinq plaques de plexiglas gravées avec des mèches de perceuse puis montées sur un socle et éclairées par un système de programmation lumineuse.

Le perçage avec différentes tailles de mèche dessine dans l'épaisseur de la plaque des formes de fossiles de coquillages. Ces plaques évoquent, du coup, des lits sédimentaires translucides de type quartzique où des organismes argentés auraient fossilisé. Paléontologiquement improbable mais artistiquement possible!

Les deux autres éléments de l'installation sont une grande plaque gravée et éclairée ainsi qu'une projection au laser. La grande plaque a l'aspect d'une peinture et pourtant la surface exposée est lisse. Les reliefs créés par l'artiste-foreur apparaissent plus grands qu'ils ne sont et se trouvent, en fait, dans l'épaisseur du plexiglas.

«La réalisation se fait de façon spontanée, presque aléatoire, dit-il. Je me suis laissé guider par l'instrument. Ce que j'aime dans ce travail, c'est justement la trace de l'instrument qui nous fait voir quelque chose d'organique, donc la relation entre la nature et l'artifice, entre le vivant et la technologie...qui pourtant est naturelle puisqu'elle découle du vivant.»

Écho de ce qu'il a expérimenté durant sa maîtrise, la projection au laser est une diffraction qui résulte de la traversée par le laser d'une plaque de plastique chauffée, contractée et trempée dans de la résine époxy. Une diffraction qui dessine des formes lumineuses sur un écran.

Avec cette lumière et la trame sonore de Maxime Surprenant, Fossile immerge le visiteur dans une atmosphère intemporelle d'apesanteur. Notre regard se perd dans trois couches dimensionnelles: l'échelle humaine, l'observable à l'oeil nu et le millimétrique. Passionnante incursion.

Après cette exposition, Laurent Lamarche exposera chez Circa, du 6 avril au 4 mai, un projet encore plus immersif, Diffraction. Il participera aussi du 1er mai au 24 novembre, au Musée de Lachine, à l'exposition Débordements avec son installation Plastifiction, qu'il a présentée l'été dernier au centre d'exposition L'Imagier, à Gatineau.

Ayant gagné deux concours d'art public, il prépare aussi pour ce printemps et cet automne, une fresque en aluminium et plexiglas pour l'école Wilfrid-Bastien de Saint-Léonard et une oeuvre lumineuse pour l'école La Visitation, dans Ahuntsic. Dans les deux cas, il est encore question de biologie mariée à l'art et à la mécanique.

Tout près de l'exposition Fossile, un coup d'oeil s'impose à l'exposition Sélections naturelles, une rétrospective des étonnantes broderies sculpturales de l'artiste Jeanne Bellavance. Les créations terrestres y sont aussi bien présentes.

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Fossile, de Laurent Lamarche, à la maison de la culture Frontenac, 2550, rue Ontario Est, jusqu'au 21 avril.