Certains aiment New York pour ses gratte-ciel, ses ponts, son énergie, ses taxis ou ses lumières. Mais Brandon Stanton s'est lui fixé un autre défi: photographier 10 000 de ses habitants pour un blogue désormais célèbre, Humans of New York.

Chaque jour, cet ancien financier de 27 ans au visage d'enfant déambule, appareil photo en main, dans les rues new-yorkaises à la recherche de personnes hautes en couleur: de Harlem à Brooklyn en passant par Manhattan ou le Bronx, «je pars à la chasse au trésor», explique t-il à l'AFP.

En deux ans, il a déjà photographié 5000 New-Yorkais, enfants sortant de l'école, clochards, fashionistas, New-Yorkais avec un bouquet de tulipes, vieille dame avec sa canne, employés municipaux...

Et près de 560 000 fans suivent désormais sa page Facebook.

Il marche parfois de longues heures en quête d'une scène, d'une allure, d'un personnage. Il aborde ses sujets toujours de la même façon: «Bonjour, ça ne vous dérangerait pas que je vous prenne en photo?».

Brandon Stanton cherche aussi à saisir la personnalité de ceux qu'il photographie. Les traditionnels «Que fais-tu?» et «D'où viens-tu?», font rapidement place à des questions plus personnelles: «Quel a été le moment le plus heureux de ta vie?», «Quels sont tes objectifs aujourd'hui?»

Parfois, le passant interpellé s'éloigne. Parfois, le dialogue se noue. Et Brandon note alors quelques citations: celle d'un sans abri alcoolique qui rêve d'aller pêcher, celle d'une jeune punk qui veut être heureuse, ou encore une veuve qui confie avoir encore beaucoup d'amour à donner.

Au fil des mois, son blogue et sa page Facebook se sont, en plus de ses photos, enrichis de ces petites chroniques de la vie new-yorkaise, pleines d'humanité et de douceur.

Une idée désormais copiée ailleurs

Il arrive aujourd'hui à vivre de sa passion, même s'il affirme que l'argent ne l'intéresse pas.

L'aventure a commencé en novembre 2010, quand après avoir perdu son emploi dans la finance à Chicago, le jeune homme s'est installé à New York. Sans expérience dans la photographie, il s'est lancé à corps perdu dans ce projet fou: prendre 10 000 portraits et les recenser sur une carte de la ville.

La première année est difficile. Il est inconnu sur la toile, n'est suivi que par 3000 personnes, et ses économies s'amenuisent. «Nous étions très inquiets pour lui, mais il a persévéré», raconte un ami, Samuel Ward qui souligne que Brandon a été toute sa vie un homme de défis.

«Quand il se lance, il est hyper concentré et déterminé».

Finalement le succès est venu. «Au départ, on s'intéressait purement à mon travail, désormais c'est le phénomène qui m'apporte de la visibilité», confie le photographe.

«Face au succès du blogue, j'ai laissé tomber l'idée du recensement», avoue-t-il aussi.

«En deux ans, je n'ai jamais vraiment pris de vacances. On peut penser que c'est facile d'être son propre patron, mais mon patron, ce sont les 560 000 personnes qui me suivent et à qui je dois fournir un contenu tous les jours. Cela peut être extrêmement stressant», ajoute-t-il.

Un livre regroupant près de 400 portraits et leurs histoires devrait sortir en librairie le 15 octobre prochain aux États-Unis.

Et son ambition ne s'arrête pas là. Il est déjà allé en décembre dernier en Iran pour y réaliser des photos de rue avec leurs petits récits, également disponibles sur son blogue.

Et il a découvert avec surprise que «plus de 20 000 personnes» suivaient son blogue en Iran.

Il a l'intention de continuer l'expérience dans d'autres pays. «Mon objectif c'est d'aller partout», dit-il.

Humans of New York a depuis inspiré d'autres artistes.

On trouve désormais sur Facebook, Humans of Paris, Humans of Beirut, Humans of Buenos Aires ou encore Humans of Karachi.

«C'est génial que ça se soit étendu, mais je préfère rester concentré sur mon travail sans m'en soucier» dit Brandon.