La vente aux enchères automnale de Sotheby's, mardi à Toronto, comprendra une « prestigieuse » variété d'oeuvres d'art canadien, autant dans les classiques du 18e et 19e siècle que dans les plus contemporains.

L'estimation totale des oeuvres mises en vente varie de 8 à 11 millions, soit beaucoup plus que l'estimation de 3,5 millions de la vente précédente. Les oeuvres proviennent de collections privées et institutionnelles d'Amérique du Nord et d'Europe, notamment d'Angleterre, de France et de Hollande. Linda Rodeck, vice-présidente de Sotheby's au Canada, explique que les collectionneurs d'art canadien ne sont plus seulement...canadiens.

«Auparavant, les oeuvres des artistes canadiens-français, par exemple les Automatistes, Borduas, Riopelle, intéressaient surtout les collectionneurs québécois, dit-elle. Mais depuis une dizaine d'années, ça a changé complètement. Les artistes québécois sont achetés par des collectionneurs du monde entier qui les considèrent comme des artistes d'avant-garde. Et l'exposition Painting Canada présentée en Angleterre, aux Pays-Bas et en Norvège récemment a connu des records d'affluence.»

Tous les peintres membres du Groupe des Sept sont présents. Il y a par exemple cinq toiles de Lawren Stewart Harris, dont le numéro XXII de sa série Arctic, estimée entre 400 000 et 600 000 $, et surtout ce qui sera sans doute une des stars de la vente, soit sa grande toile Street in Barrie évaluée entre 900 000 et 1,2 million $.

Winter Sunset, Algonquin Park, de Tom Thomson sera aussi mise en vente. L'huile qui représente une clairière enneigée est évaluée entre 750 000 et 1 million, cette estimation prenant en compte la rareté des oeuvres de l'inspirateur du Groupe des Sept.

Les trois oeuvres d'artistes québécois dont l'estimation est la plus élevée sont une grande toile de Marc-Aurèle Fortin, Vue de Montréal depuis l'île Sainte-Hélène, et deux huiles de Clarence Alphonse Gagnon avec Saint-Malo depuis les falaises de Saint-Briac et Winter solitude, toutes trois évaluées entre 400 000 et 600 000 $.

Parmi les autres oeuvres que l'on pressent comme des vedettes de la vente, citons Équinoxe D'Automne, de Jean-Paul Lemieux, estimé en 250 000 et 400 000 $ («une aubaine», dit Mme Rodeck), Visitors in winter, splendide toile de Cornelius Krieghoff estimée entre 100 000 et 150 000 $, Candelle, une huile de 1959 de Marcelle Ferron estimée entre 80 000 et 100 000 $, et un triptyque de la grande dame de la spatule, qui provient d'un ensemble de 12 panneaux réalisés en 1964 pour la décoration de la Caisse d'économie des employés du Canadien National de Pointe-Saint-Charles.

Aux côtés de sculptures de Sorel Etrog, on note aussi des oeuvres de William Kurelek, Maurice Cullen, David Brown Milne, Emily Carr, Paul-Émile Borduas, Franklin Carmichael, Alfred Joseph Casson, et de quatre peintres des Painters Eleven, William Ronald, Walter Yarwood, Harold Town et Jack Bush dont le grand Greys-Squares de 1960 est estimé entre 150 000 et 180 000 $.

Autre curiosité, un des canevas circulaires de Claude Tousignant, Accélérateur Chromatique 90, celui-là de huit pieds de diamètre, qui appartenait à une entreprise de cigarettes d'Amsterdam. «Le propriétaire de l'usine avait acheté des oeuvres de plusieurs artistes canadiens dont également Marcelle Ferron, des grosses pièces pour donner une belle atmosphère dans l'usine, dit Marie-Jo Paquet Son Marelle Ferron, on l'avait revendu dans les dernières années pour un demi-million.»

Et un intéressant Atomic Blast du trio General Idea, une toile pointilliste représentant l'étendue de l'explosion nucléaire d'Hiroshima, les points couvrant même le cadre du tableau.