C'était un moment digne des aventures de Tintin. Hier matin, lors d'une cérémonie spéciale, le Musée des beaux-arts de Montréal a redonné à la Nouvelle-Zélande une tête momifiée (un Toi Moko) qui lui appartenait depuis 1949. Cette «restitution» fait suite à une demande officielle des Maoris de la Nouvelle-Zélande, qui ont entamé depuis une vingtaine d'années des démarches pour rapatrier environ 1800 objets - incluant 500 Toi Moko - dispersés dans les musées du monde entier.

Relique mystique, le Toi Moko est une tête de guerrier scarifiée et tatouée, qui était très prisée des collectionneurs au XVIIIe siècle. Malgré sa grande valeur anthropologique, celle du MBAM n'avait été montrée au public que de 1982 à 1984. Elle était depuis conservée dans les réserves du musée. On ne pouvait pas davantage la voir hier; en effet, coutume tribale oblige, elle a été remise à la délégation maorie dans une boîte. Elle sera bientôt restituée à sa tribu d'origine, qui l'inhumera selon ses rites traditionnels.

«C'est pour nous un soulagement de savoir que ces restes humains reposeront désormais sur la terre de leurs ancêtres, a souligné Nathalie Bondil, directrice du MBAM, qui préfère parler de rapatriement. C'est aussi justice de penser qu'ils ne seront plus jamais livrés à la curiosité du public ou entreposés comme artefacts dans des réserves muséales.»

Moralement, conclut-elle, «c'était la seule chose à faire».