À l'occasion de son 30e anniversaire, la Maison de la culture Marie-Uguay présente une rétrospective des oeuvres du peintre Pierre Blanchette, lauréat 2010/2011 de la bourse de carrière Jean-Paul-Riopelle du Conseil des arts et des lettres du Québec.

Peintre de l'abstraction depuis quelque 35 ans, Pierre Blanchette a accepté à reculons de présenter un échantillon de sa production à la maison de la culture Marie-Uguay dans le but d'illustrer l'évolution de son art.

«Je n'avais pas envie de reculer et de sortir mes vieilles choses, dit-il. Mais ça m'a été demandé si gentiment! Et puis, je suis finalement content de l'avoir fait, car c'est une façon de rebondir et d'être plus conscient de ce que j'ai fait.»

Influencé par la liberté de penser et par la passion pour les couleurs de son amie Marcelle Ferron, Pierre Blanchette a eu de belles périodes de création. Après son séjour à Paris dans les années 80, il a eu une phase de blanc atmosphérique. Ses couleurs deviennent ensuite plus académiques, avant qu'il ne subisse l'influence new-yorkaise, vers la fin des années 90. «Cela a fait surgir le fait que je suis Nord-Américain avec le rapport à l'espace et les grands formats, explique-t-il. À Paris, on me demandait plus de formats domestiques!»

Mais, peu importe les périodes, le style de l'artiste se réfère à l'axe géométrique de l'art pariétal, soit toutes ces formes et figures issues de la mathématique que l'on retrouve dans les peintures préhistoriques. «En utilisant l'abstraction, je suis du côté géométrique, plutôt que de celui de la narration. Le champ que j'ai investi est plus dans le poétique.»

Expliquant qu'il s'est longtemps posé la question des «raisons de son engagement» artistique, il dit «commencer à voir clair». «En installant cette exposition, j'ai été surpris par la cohérence, dit-il. D'autant que je fonctionnais d'abord avec le plaisir. Et là, je trouve que tout se tient.»

Ces dernières années, on note dans ses toiles une géométrie et un espace mieux maîtrisé et une utilisation magnifique des couleurs vives. Son abstraction s'oriente parfois à la limite du figuratif. Par exemple, on subodore le Soleil et la Terre dans sa Peinture no 522 (2002) et on distingue des sensations d'automne dans Peinture no 586 (2009).

«Mes toiles rassemblent mes observations de ce qui m'entoure, avance-t-il. On ne pourrait pas parler de paysage, mais d'une globalité de la chose, d'une observation sensible.»

Ses dernières toiles sont riches d'évocation. On sent que ça foisonne au bout de la main. «Avec la maturité, on tourne moins en rond. Quand Ulysse Comtois peignait un tableau et que cela lui avait pris une heure, il disait que ça lui avait pris toute une vie. On arrive plus facilement à ce que l'on veut avec la maturité.»

Avec humilité, il dit avoir été honoré d'obtenir la bourse Riopelle. «La bourse est associée à un projet de recherche: je travaille sur l'occupation d'un lieu avec ma peinture, un projet pour lequel j'ai beaucoup de plaisir. Et puis, je dois dire que j'ai tellement plein d'énergie pour la suite des choses. Le meilleur est à venir.»

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SIGNES, de Pierre Blanchette, à la Maison de la culture Marie-Uguay jusqu'au 25 novembre.