Il est l'architecte des Pyramides olympiques, du Pavillon du Québec d'Expo 67, de la Place Dupuis et de la Place Frontenac. Entre autres. Luc Durand, âgé de 83 ans, fait l'objet à Repentigny d'une exposition rétrospective de sa carrière qui nous montre l'influence qu'il a eue sur l'urbanisme à Montréal.

Il a beau avoir dépassé depuis bien longtemps l'âge de la retraite, Luc Durand a toujours des projets dans la tête et sur la planche à dessin. Voilà un bâtisseur qui n'aurait pas dédaigné vivre 150 ans afin d'échafauder tous ses rêves. Son plan architectural et environnemental pour recouvrir l'autoroute Décarie est toujours prêt, dit-il. Et il aimerait bien qu'on reconstruise son Pavillon du Québec, à un autre endroit sur l'Île Notre-Dame, à l'occasion du 50e anniversaire de l'exposition universelle, en 2017.

«Le Pavillon du Québec, c'était la cristallisation de la Révolution tranquille, tout en conservant des éléments culturels importants comme le parvis de l'église», explique-t-il devant des photos de son oeuvre exposées à Repentigny.

Cette rétrospective qui lui rend hommage comprend de nombreuses photos de ses projets, des maquettes, des vidéos, des plans, des dessins et même du mobilier qu'il a créé enfant, empruntant tôt les traces de son père constructeur.

«C'est une partie de l'histoire du Québec qui est exposée ici, dit Étienne Desrosiers, le commissaire de l'exposition. Comme communauté c'est important d'avoir des repères et Luc Durand en est un en architecture.»

L'exposition permet de saisir combien sa résidence et ses nombreux projets réalisés en Inde, de 1959 à 1962, ont inspiré sa carrière. Autre influence, l'architecte Le Corbusier avait, dit-il, la même audace que lui pour sortir des sentiers battus, sans toutefois traiter les espaces de la même façon.

«Le Corbusier n'a jamais fait de coursives extérieures pour des habitations, dit Luc Durand. Il faisait des corridors intérieurs. Ici, on a fait beaucoup de choses qui étaient des premières et qui sont devenues des normes pour le code fédéral du bâtiment.»

Ses Pyramides olympiques ont été un modèle. Le fait de séparer les logements par des murs de béton de 8 pouces d'épaisseur apportait plus de sécurité contre les incendies et les tremblements de terre et une meilleure insonorisation.

«Luc Durand est d'une génération pour laquelle l'architecture était une mission sociale, dit Étienne Desrosiers. Son principe était d'améliorer la société. Aujourd'hui, il y a un certain pragmatisme alors qu'à l'époque, on mettait les idéaux en application. Il est le dernier représentant du fait-main.»

Architecte, Luc Durand était devenu propriétaire de terrains dans les années 60 avec des associés pour pouvoir bâtir. Dans l'exposition, on découvre les détails de ces initiatives au centre-ville ainsi que ses projets qui n'ont pas abouti, comme celui de l'université ouvrière du Plateau Mont-Royal.

Ce projet audacieux de campus vert n'a pas fonctionné mais deux ans plus tard on lançait la création, plus au sud, de l'Université du Québec à Montréal. L'exposition montre bien cette préoccupation sociale qui l'a habité très tôt. «En architecture, ça demande plus que de la planification, dit Luc Durand. Mais une philosophie de vie qui tienne compte de tout.»

Tenir compte de tout c'est notamment se soucier de la touche artistique des projets.  Il y a 50 ans, Luc Durand a fait partie du comité consultatif pour l'élaboration de la loi québécoise du 1% artistique. Aujourd'hui il plaide pour que ce 1% soit «plus développé» et que «les artistes fassent partie de l'équipe qui conçoit les projets.»

Finalement, quelle est l'apothéose de sa carrière? Les Pyramides? Le Pavillon? «Elle n'est pas encore arrivée! répond-il. Mais Décarie s'approche! Je suis sûr que ça va se faire. Sinon, je travaille pour le projet d'un musée du sport dans le quartier du stade olympique...»

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Monuments 1959-2012 de Luc Durand, architecte, et Étienne Desrosiers, commissaire. Jusqu'au 28 octobre au Centre d'exposition de Repentigny.