Roy Lichtenstein, peintre majeur du Pop Art américain célèbre pour ses tableaux rappelant, en gros plan, des vignettes de bande dessinée constituées de milliers de points, fait l'objet à Washington d'une grande rétrospective de son oeuvre depuis sa mort il y a 15 ans.

L'exposition, gratuite, de la National Gallery of Art (14 octobre 2012 - 13 janvier 2013) présente quelque 130 oeuvres - toiles, sculptures et dessins - dont certaines iconiques, réalisées tout au long de la carrière prolifique et couronnée de succès de l'artiste mort en 1997 à l'âge de 73 ans.

Elle ira ensuite à la Tate Modern de Londres du 21 février au 27 mai 2013 puis au Centre Pompidou à Paris, en version réduite, du 3 juillet au 4 novembre 2013.

L'artiste est «certainement l'artiste contemporain américain le plus connu avec Andy Warhol», l'autre maître du Pop Art, indique à l'AFP Harry Cooper, commissaire de l'exposition, «mais il ne voudrait pas être considéré avant tout comme un peintre américain. C'est un grand peintre contemporain», dit-il.

L'exposition s'ouvre néanmoins avec une toile iconique de l'artiste, Look Mickey de 1961, sur laquelle on voit la célèbre souris de Walt Disney, image américaine par excellence, se moquant de Donald.

En même temps apparaît la technique emblématique de l'artiste faite de petits points. Elle est encore là primitive et sera largement améliorée par la suite grâce à des grilles ou des pochoirs à travers lesquels les points sont toujours peints à la main.

«Mettre l'artiste en retrait»

Lichstenstein s'empare de ces images emblématiques pour se concentrer sur leur forme et «transformer le langage de la BD en oeuvre d'art», explique M. Cooper.

L'exposition montre ainsi un autre tableau célèbre, Wham de 1963 - un avion de chasse tire et abat un autre jet - au côté de l'image de bande dessinée originelle, expurgée de ses détails pour se concentrer sur l'expression de la violence.

«Il ne dénonce ni ne célèbre, son attitude est ambiguë, comme celle de Warhol et du Pop Art», indique M. Cooper: «Nous ne savons pas quelle est la tonalité, quel est le point de vue, c'est une partie de la définition du Pop Art, mettre l'artiste en retrait».

La rétrospective, qui suit un parcours thématique et chronologique, permet néanmoins de découvrir largement des aspects beaucoup plus méconnus de l'oeuvre du peintre: de très belles sculptures aux accents Art Deco, des toiles en noir et blanc très abstraites, des paysages chinois revisités en petits points, des séries très expressionnistes baptisées «coups de pinceau» (Brushstrokes).

Lichtenstein, qui avait fait des études artistiques et visité les grands musées, notamment en France lors de la Seconde Guerre mondiale, «avait une grande culture visuelle, une connaissance profonde de l'histoire de l'art», dit M. Cooper.

Il rend ainsi hommage, avec ses petits points, à la série des cathédrales de Monet, à Picasso comme aux maîtres flamands et leurs natures mortes.

En novembre 2011, une des toiles de l'artiste - I Can See the Whole Room!... and There's Nobody in It! - avait été vendue pour la somme record de 43,2 millions $ chez Christies à New York.