Qu'ils soient blonds ou bruns, raides ou frisés, clairsemés ou abondants, les cheveux, attribut humain par excellence, en disent long sur la personne, son époque, ses rites et ses contraintes.

À travers son exposition Cheveux chéris, frivolités et trophées, le musée du quai Branly explore la chevelure dans tous ses états à travers 280 peintures classiques, sculptures, photographies, objets ethnographiques et multimédias issus de ses collections et de prêts de plusieurs musées français.

Des bustes en marbre blanc représentant des personnages historiques comme Louis XIV aux boucles disciplinées font face à des bustes noirs, exécutés notamment par Charles Cordier, de femmes africaines ou l'étonnante femme chinoise au chignon sophistiqué.

Un comité d'accueil pour le visiteur invité à suivre un parcours calqué sur la vie du cheveu, de la naissance au «naturel» jusqu'à la mort et même au-delà.

«À partir de la question du cheveu, nous avons voulu montrer la manière de le représenter (...), et voir quels étaient les différents stéréotypes véhiculés par l'art, ce qui était symbolique de toutes les variations», a expliqué à l'agence de presse Sipa Yves Le Fur, commissaire de l'exposition et directeur du patrimoine et des collections du musée Branly.

«L'idée générale débute sur l'apparence, l'image, plutôt du domaine de l'Occident» avec une première partie consacrée à la question de la longueur des cheveux, de sa couleur avec la prédominance donnée au blond, jusqu'à sa mise en forme, souvent pour séduire.

Ainsi, trois portraits de rois francs aux cheveux longs côtoient l'étonnante photo de Pablo Picasso avec des cheveux un peu longs, datant de 1944, car le peintre espagnol avait décidé de ne pas les couper tant que la France serait occupée.

Les portraits de stars du cinéma, les blondes Brigitte Bardot et Michèle Morgan, les brunes Ava Gardner et Gina Lollobrigida, la rousse Isabelle Huppert, soulignent les clichés associés à l'imaginaire collectif depuis des décennies, avec le blond symbole de la douceur et de la pureté.

Mais les autres cultures ne sont pas en reste en terme de coquetterie comme les photos de ces incroyables coiffures de femmes africaines, telles des constructions architecturales.

Particulièrement contraintes jusqu'au début du XXe siècle, les femmes disciplinent leurs cheveux en chignon, sous un chapeau ou un foulard mais les lâchent quand elles sont dans l'intimité. Jusqu'à l'humiliation terrible des femmes tondues, les Républicaines après la guerre civile espagnole et les Françaises accusées d'avoir côtoyé de trop près l'occupant allemand.

Des pertes acceptées ou contraintes où les cheveux sont coupés ou rasés - service militaire, moine, prisonnier, alors que le rebelle garde les cheveux longs, rappelle le commissaire de l'exposition.

«Le cheveu a un côté étonnant dans sa manière-même, coupé ou après la mort de son propriétaire, il reste souple et imputrescible», il est «la seule partie du corps qui ne pourrit pas», note Yves Le Fur.

Cette dimension en fait «un vecteur vers l'au-delà» pour de nombreuses cultures en Afrique, en Océanie et en Amérique.

Dotés de «pouvoir magique», «lien entre vivants et morts», les cheveux sont utilisés dans des ornements, des objets magiques, des amulettes ou pour eux-mêmes comme les scalps des Amérindiens qui permettaient de «s'approprier les cheveux de l'autre», un acte de prédation fort. Les âmes sensibles éviteront les têtes réduites, et les momies, qui peuvent surprendre.

L'exposition Cheveux chéris, frivolités et trophées a lieu jusqu'au 14 juillet 2013.