Paradis artificiels à l'édifice Belgo

Non loin du superbe Zoo, exposition du Musée d'art contemporain, les curieux devraient poursuivre leur visite de la jungle à l'édifice Belgo, où les attendent des créatures tout aussi fascinantes, ainsi que des paysages hallucinants.

À la Galerie Trois Points, l'artiste torontois Alex McLeod présente ses oeuvres récentes: des images fantasmagoriques au sein de compositions empruntant à la technique de l'all over. Quelque part entre peinture et photo, on ne sait trop à première vue, ces tableaux détaillent des forêts luxuriantes, des nuages rondouillards, des châteaux, des édifices en carton-pâte, ici une lumière allumée à la fenêtre, là des lignes verticales incongrues. Toutefois, ces paysages de légendes sont totalement... numériques!

McLeod utilise magistralement l'ordinateur, comme s'il s'agissait d'un pinceau, de ciseaux et de pellicule photo. Comme tout artiste visuel, il travaille «avec» la lumière et la perspective pour créer des univers qui se suffisent à eux-mêmes. En multipliant à l'infini certains motifs, ses tableaux décrivent des lieux mystérieux et ludiques. Les images 3D donnent pratiquement accès ici à une quatrième dimension qu'on pourrait décrire comme l'imaginaire des lieux.

Proche de la fable, le propos de l'oeuvre d'Alex McLeod n'est d'ailleurs pas sans rappeler la sensibilité et la plastique de certaines créations des membres du célèbre Groupe des Sept. En ce même pays, il y a décidément très, très longtemps.

Matière à réfléchir

Tout aussi singulière et «naturiste», l'exposition collective Matière sous influence, organisée par le commissaire Réal Lussier à la Galerie Lilian Rodriguez, nous fait voir, notamment, une sculpture fabuleuse de Pascal Gingras évoquant une créature de légende. Une structure métallique supporte des dizaines, voire des centaines de lattes de couleur, formant une bête hirsute dont on ne se lasse pas de faire le tour.

La «créature» chevaline de Clémence Griéco flotte, elle, noble et élégante. Pourtant, cette pièce n'est que bouts de bois et de ficelle, tissu et caoutchouc mousse. La réussite du matériel.

Les photos de Sylvie Larouche présentent d'étranges personnages kitsch, dont les manies de collectionneur forment matière à images saturées, riches, mais somme toute superficielles, artificielles. Dans cette exposition bien pensée, la matière naît aussi des pouvoirs évocateurs des impressions de Caroline Gagnon ou des marqueteries «coloriées» de François Simard.

Là où il y a matière, il y a vie.

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Légendes oubliées, d'Alex McLeod, Galerie Trois Points, jusqu'au 23 juin.

Matière sous influence, Galerie Lilian Rodriguez, jusqu'au 30 juin.