Quand on est couché sur les divans-tuyaux de la salle circulaire de la Satosphère, le champ visuel embrasse des images qui se démultiplient. L'immersion est presque totale à la première SAT Fest, avec la projection, sur un écran sphérique de 360 degrés, des meilleures oeuvres réalisées par les artistes en résidence dans les studios du Labodôme de la Société des arts technologiques.

Douze oeuvres sont au programme. Toutes différentes. La projection de 1h20 commence par la mise en place, dans le noir total, d'une ambiance à la fois pesante et fluide, avec la musique de Frédéric Arbour.

Puis, on entre dans la première immersion visuelle avec le Voyage intérieur de Joseph Lefèvre et Jan Pienkowski. Cinq minutes de contemplation. Nuages, animation colorée, un coeur qui bat comme une cellule et une musique parfois lancinante. Beau travail de conception non dénué d'humour.

Le court métrage Inner Voices, dirigé par Martin Kusch, suit avec un beau rendu architectural. Une «caméra» se promène dans une grotte géométrique virtuelle habitée par des sons. Là aussi, un travail sonore et graphique réussi.

Trame00: Nord'Ost, de Francis Théberge (et Guillaume Bourassa pour la musique), est plus impétueux. On est dans le stroboscopique avec une succession de projections architecturales et cinématographiques, image par image, qui jouent sur l'aspect sphérique de l'écran et donnent de beaux effets circulaires.

Avec Six mil antennas (trailer), de Johnny Ranger, la touche de science-fiction donne des images d'une guerre futuriste. Très beau visuellement, avec une solide réflexion sur la technologie, l'urbanisation et l'industrialisation. Peut-être l'oeuvre la plus complète du SAT Fest... avec l'animation 3D Pharm Axe Corp One, de Tandem, Ubisoft et la SAT, où le travail de modélisation de Mathieu Morasse est assez fantastique.

Pharm Axe Corp One comporte trois thèmes sur la condition humaine (genèse, mémoire, peur) avec une construction bien faite, des images splendides et un design sonore (signé Ghislain Lecroulant) entraînant.

L'oeuvre suivante, STRBDSC3200, a un aspect pénible avec ses lumières vives. Mais l'exercice sur la géométrie spatiale et les couleurs psychédéliques ont un côté «pinkfloydien» intéressant. Également très coloré, le court métrage Pralaya, d'Antoine St-Maur, est impressionnant, et il joue sur la kaléidoscopie et le figuratif.

Shanghaï Express, de Martine Koutnouyan, présente aussi une belle écriture visuelle inspirée de la calligraphie chinoise. Et si le court métrage Desseins: Sphères semble plus conventionnel, la maîtrise de l'animation le rend agréable.

Le SAT Fest s'achève avec Écurie 360, vidéo d'une femme qui danse dans un enclos, comme un animal. Un peu long. Cela dit, la qualité et la diversité des projections vaut le détour. On n'a pas fini d'explorer le potentiel de la Satosphère...

SAT Fest, du mercredi au samedi à 20h, jusqu'au 28 avril. Info: www.sat.qc.ca