«Je ferme le son. Je prends une photo. Je remets le son.» Le chanteur Katerine aurait pu le fredonner. La photographe Annie Leibowitz l'a recommandé à la télévision en novembre dernier. L'artiste Erik Beck, alias beckibecko, le met en pratique: Il se sert de son iPhone (aussi) comme d'un appareil photo.

L'iPhoneographie a débuté en 2007 sur la côte Ouest américaine quand Steve Jobs a lancé le premier iPhone. Parmi les premiers utilisateurs de l'application appareil photo de l'iPhone, il y avait des artistes dont plusieurs ont adopté la bébelle d'Apple comme moyen d'expression artistique.

Le Sherbrookois beckibecko fait partie de ces iPhoneographes. Ils sont 150 dans le monde, surtout aux États-Unis et en Asie, mais aussi en Espagne, aux Pays-Bas, en Angleterre, à Berlin et Paris et au Canada.

Ces artistes se sont donné un code d'éthique, plutôt empirique encore, mais qui interdit par exemple le traitement de la photo sur Photoshop. «Sauf pour des agrandissements et des impressions, précise beckibecko. Mais on peut utiliser les applications offertes sur l'iPhone pour reproduire ce qu'on peut avoir avec un réflex, par exemple, et il y en a beaucoup.»

Beckibecko explique qu'on peut même adapter des zooms à l'iPhone. La résolution n'est pas encore celle d'un appareil photo professionnel, mais l'artiste dit que les iPhoneographes ne cherchent pas à obtenir ce qu'ils n'ont pas encore.

«On joue avec le flou artistique et, de toute façon, l'iPhone 5 s'en vient avec une résolution de 12 millions de pixels», dit beckibecko, qui croit qu'un produit qui sera à la fois un téléphone intelligent et le nec plus ultra de l'appareil photo numérique arivera un jour ou l'autre sur le marché.

Une expo au Belgo

Musicien, photographe et sculpteur de formation, beckibecko a fondé iPhoneography Montréal en 2010 pour regrouper les activités des professionnels ou semi-professionnels qui font de la photo au Québec avec un iPhone.

Certains photographes, voire même des peintres (comme la Hollandaise Carlein van der Beek), accueillent cette nouvelle conception de l'image avec ouverture. D'autres prennent les iPhoneographes pour des hérétiques. «C'est l'un ou l'autre, dit beckibecko. Dans la même minute, je me fais lancer des pierres et d'autres veulent essayer.»

Les trois membres d'iPhoneography Montréal (Beck, MissPixels et Gérard Godin) présentent jusqu'au 18 février à la galerie Visual Voice du Belgo l'exposition Unlock, des oeuvres qui commencent à obtenir des prix - Beckibecko a obtenu un prix au Mobile Photo Awards l'an dernier - et qui se vendent autour de 250$, voire beaucoup plus aux États-Unis.

Beckibecko ignore s'il sera toujours iPhoneographe dans trois ans. «Il y aura peut-être autre chose, dit-il. Mais je suis d'abord et avant tout un photographe amoureux de l'image.»

Autres détails sur le site web de l'exposition

Photo Beckibecko

Image tirée de l'exposition iPhoneography. Cette photo titrée Errances est signée Beckibecko.