Les admirateurs de Riopelle sont comblés cet automne: la galerie Lounge TD de la Maison du Jazz de Montréal présente jusqu'à Noël une exposition d'oeuvres de l'artiste, dont une vingtaine d'inédites.

L'exposition D'aile en ailes l'élan vital est une initiative de «Monsieur Jazz», Alain Simard. Il a obtenu l'accord d'Huguette Vachon, qui a partagé les 16 dernières années de la vie du peintre, pour rassembler une cinquantaine d'oeuvres et d'objets de l'artiste.

«C'était une question de fidélité de continuer à travailler avec le Festival de jazz, explique Huguette Vachon à La Presse. Et c'est aussi de notre responsabilité de garder Jean-Paul vivant et de le faire connaître aux plus jeunes.»

Il faut remonter à 2006, à la galerie Parisian Laundry, pour retrouver un événement Riopelle de cette envergure, à Montréal. D'ailleurs, le poète Raôul Duguay rendra de nouveau hommage à Riopelle, le 10 novembre, à la Lounge TD, avec un long poème accompagné d'une performance saxo-piano.

La plupart des oeuvres exposées sont à vendre. L'événement n'est pas réservé aux nababs et grandes corporations: les oeuvres se vendent entre 3500$ et 48 000$, exception faite des bronzes. «Jean-Paul ne travaillait pas pour l'argent, affirme Huguette Vachon. Il a mis son génie au service de tous.»

«Il y en a pour les grands, mais aussi pour les petits collectionneurs», se réjouit Annie Reynaud, directrice de la galerie et commissaire de cette exposition. On se promène avec grand bonheur dans les deux allées créées pour exposer les peintures, sérigraphies, sanguines, fusains, eaux-fortes et lithographies d'oeuvres réalisées entre 1972 et 2000.

Les oeuvres sur papier, les toiles et les sculptures permettent d'apprécier la complexité et l'anticonformisme du travail de Riopelle, nés de la liberté de son esprit et de sa disposition à s'imprégner de la nature environnante.

Deux belles sanguines et fusain de 1976 font partie des oeuvres inédites, de même que deux eaux-fortes, les Mouches à marier.

Huguette Vachon a aussi apporté de l'Isle-aux-Grues des photos du défenseur du Refus global, son vieux coffre de tubes de peinture et des objets de son atelier: ses crayons, ses pochoirs, une boîte de fromage Pont l'Évêque où il conservait ses mouches de pêche à la truite et même une trappe à souris!

On peut admirer l'émouvante sérigraphie de son empreinte de la main droite qu'il avait encrée lors d'une exposition, à Mont-Saint-Hilaire, en 1998. Tout près ont été placés son bronze Hibou-Nid, réalisé en France, avec des trous pour permettre de faire nicher les oiseaux, et la toile L'Isle heureuse, «lettre d'amour douce et sauvage», que Riopelle avait offerte à Huguette Vachon et qu'elle conserve précieusement.

«La présence de Jean-Paul est encore intense, dit-elle. Sans vivre dans la nostalgie, ce bonheur-là reste présent, car je suis encore dans les lieux et je travaille toujours avec ses oeuvres.»

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Jean-Paul Riopelle, D'aile en ailes l'élan vital, à la Galerie Lounge TD (305, rue Sainte-Catherine Ouest, 2e étage), jusqu'à Noël.