La galerie Pierre-François Ouellette art contemporain propose jusqu'au 27 août une exposition intitulée Mémoire pour le futur qui se penche sur le contexte et le contenu en art contemporain à l'aide d'oeuvres provenant d'un groupe d'artistes-solistes apparentés. Une sorte de concertino de contenus artistiques assez justes et sans couacs.

Le commissaire et coordonnateur de la galerie, Edward Maloney, a choisi des oeuvres évoquant le passé et le futur. «On lance un regard sur leur façon de travailler pour voir comment ils utilisent leur technique pour créer des oeuvres dans le futur, dit-il. C'est aussi un dialogue entre artistes.»

L'exposition propose huit virtuoses aux univers variés. Des Inuit Shuvenai Ashoona et Annie Pootoogook aux Taïwanais d'origine, Ed Pien et Chih-Chien Wang, en passant par Alexandre Castonguay, Adad Hannah, Dil Hildebrand, Maskull Lasserre ou John Latour, on découvre combien l'environnement influence un art.

L'atelier de Dil Hildebrand, par exemple. L'artiste d'origine manitobaine qui s'est installé à Montréal s'inspire de photos de son espace de travail pour peindre. Avec la toile Folder, on retrouve l'esprit de sa dernière expo solo et un côté abstrait plus prononcé qu'auparavant.

Adad Hannah a utilisé une photo de sa série Traces pour en extraire deux paires de mains, l'une jeune, l'autre ridée. Une vieille paluche presse un jeune poignet. Les deux protagonistes se disputent une photo en noir et blanc. Ce qui pourrait être un lien affectueux s'avère d'une grande violence.

En attendant de voir sa dernière mouture, l'hiver prochain au même endroit, on peut admirer une création de Maskull Lasserre, Emergency-G. Une barre de xylophone est insérée dans un boitier ressemblant à ceux qu'on trouve dans des édifices et qui contiennent un bouton à presser en cas d'incendie. Tout y est: la vitre, le marteau et le symbole incendie devenu note de musique. Là aussi, le thème de la violence est présent allié à l'amour des harmonies et partitions.

Le lien à la musique est aussi traité par Alexandre Castonguay, artiste des nouveaux médias, et son oeuvre Cube: un redéploiement virtuel sur une même horizontale d'une image à 360º prise dans un studio d'enregistrement de Graz, en Autriche. En «pliant» les quatre côtés de la salle d'enregistrement, on pourrait reconstituer un cube. OEuvre fascinante dans ses détails sur les instruments, les ordinateurs et les accessoires du studio.

L'expo contient aussi quatre dessins d'encre sur papier Shoji d'Ed Pien, avec la signature fantastique de cet artiste qui manie à merveille la technique du pochoir sur du papier translucide finement découpé.

Les quatre toiles de Shuvenai Ashoona et Annie Pootoogook (prix Sobey 2006) nous font également pénétrer dans la tradition artistique et sociale des Inuit de Cape Dorset.

S'ajoute aux oeuvres murales une vidéo de 40 min de Chih-Chien Wang, réalisée à Buenos Aires. Une expérience plaisante et poétique sur le principe d'acquisition d'un environnement par un groupe de personnes.

Parallèlement, la galerie expose le résultat d'un projet de recherche collaborative effectuée par Felicity Tayler entre le Centre de recherche urbaine de Montréal et la bibliothèque privée du couple Pelinger, à San Francisco, spécialisée dans la conservation de documents ésotériques, industriels ou originaux délaissés par les bibliothèques publiques.

Petite enveloppe urbaine no 19: Amanuensis découle des réponses obtenues par Felicity Tayler aux questions «automatiques» posées par une cinquantaine de personnes du monde entier au couple Pelinger. Une création autant artistique qu'expérimentale et intellectuelle. André Breton n'est pas loin...

Mémoire pour le futur

Galerie Pierre-François Ouellette art contemporain

372, rue Sainte-Catherine Ouest, porte 216

Jusqu'au 27 août