Pour son exposition estivale, la Galerie Simon Blais a réuni les artistes Sylvie Cotton, Guy Pellerin et Jean-Benoit Pouliot sur le thème de la recherche et de l'expérimentation. En découle Tourner autour, une association qui ne tourne pas en rond.

L'été, on n'a pas envie de se prendre la tête. Andréanne Roy et François Babineau, les commissaires de l'exposition Tourner autour, chez Simon Blais, l'ont bien compris et ont concocté une rencontre mi-festive, mi-ludique avec trois artistes aux univers très singuliers.

Dans la fin trentaine, Sylvie Cotton est connue pour ses installations éclatées autour des thèmes de la mémoire, de la collection et de l'identité. Son installation à la BNL MTL 2011 a été remarquée. Également trentenaire, Jean-Benoit Pouliot est un artiste interdisciplinaire, allant de la peinture à la gravure en passant par la performance avec le duo L'oeil de verre. Tous les deux sont ici associés à Guy Pellerin, prince des nuances et clinicien des couleurs, plus expérimenté, plus exposé et plus primé (prix Ozias- Leduc et prix Louis-Comtois) qu'eux.

«On avait envie de jumeler générations et styles différents en faisant appel à des artistes qui nous plaisent, pour créer une exposition avec moins en tête l'aspect commercial, dit Andréanne Roy. Bien qu'ils soient très différents les uns des autres, on peut faire bien des liens entre eux.» Les commissaires ont réuni les trois artistes et le thème Tourner autour a émergé.

«L'idée de base, c'est le cercle, le point, le rond mais aussi la recherche, le lien avec le travail, le fait de faire des choix et de prendre certains chemins, ajoute Mme Roy. L'exposition s'est construite au fil des conversations. Ils nous ont laissé une belle liberté pour jouer avec leur travail.»

Les oeuvres des trois artistes ont été exposées ensemble, les unes à côté des autres, notamment dans une installation centrale qui constitue sur une table une sorte d'invraisemblable atelier commun. Un semblant de bricà- brac d'où jaillit un continuum de réflexions, comme si les trois artistes dialoguaient devant nous.

Sylvie Cotton, en résidence actuellement au Japon, a fait placer sur cette table un de ses célèbres cahiers, celui-là brûlé avec des trous faits à la cigarette, et des petits cadres avec toutes sortes d'objets de son quotidien: du papier mouchoir taché d'huile et de vin (Toi et moi) ou du papier peint au cirage de chaussures (Cahier brun, 2004). À côté, un vase en verre contient une toile peinte compressée. Il s'agit d'Un tableau dans un pot, oeuvre de Jean-Benoit Pouliot faisant partie de son projet Les mauvais tableaux font de bonnes sculptures. Une certaine idée du recyclage qu'il poursuit en empilant 52 de ses dessins (vendus 920$ chacun) pour créer Vagabondage où le public est invité à errer, qui sait pour trouver un dessin qui lui plaît.

On peut aussi se saisir des écouteurs d'un lecteur de disque compact pour écouter la pièce Le manège réalisée par Pouliot et Francis Rossignol, mélange de sons d'ambiance et d'extraits de 33 tours craquants à souhait.

Sinon, on retrouve les réputés objetstableaux chromatiques et archivistiques de Guy Pellerin, avec notamment son route 132, expression acrylique sur des étiquettes d'expédition. Chaque couleur est estampillée par des couvercles de pots de peinture dans ce travail d'inventaire qui caractérise le peintre montréalais.

En face, les commissaires ont placé Tous les crayons de l'atelier (2010), oeuvre reliée à l'inventaire que Sylvie Cotton a dû faire en 2008 à la suite d'un incendie qui avait ravagé son lieu de travail. Des traits de crayons de couleur verticaux comme un nuage bruissant rendent compte de son recensement forcé.

Belle série de Jean-Benoit Pouliot également avec ses Sueurs de clown (2010) et sa toile Confettis faite de ronds de couleurs et de ronds vides. Une exposition qui arrive à point alors que Montréal est ces jours-ci complètement cirque.

Tourner autour, avec Sylvie Cotton, Guy Pellerin et Jean-Benoit Pouliot, à la Galerie Simon Blais (5420, boulevard Saint-Laurent), jusqu'au 6 août.