Fermé depuis deux ans et demi, le musée Stewart de l'île Sainte-Hélène renaîtra en grand le 29 juin. La Presse a visité en primeur les espaces entièrement restaurés et la nouvelle tour de verre ajoutée à l'édifice qui devient, après 7 millions d'investissements, un prestigieux musée d'histoire du Québec.

Après deux ans de travaux menés par la Société du parc Jean-Drapeau et la Fondation Macdonald Stewart, le musée Stewart rouvrira le 29 juin avec l'exposition permanente Mémoires et histoires, un voyage à travers cinq siècles au bord du Saint-Laurent.

«La citation de l'île Sainte-Hélène par la Ville de Montréal nous a ouvert les portes de la rénovation», indique François Gravel, gestionnaire du projet auprès de la Société du parc Jean-Drapeau. Et cette rénovation a été ambitieuse. L'entrée du musée se fait désormais à partir d'une tour vitrée contemporaine de quatre étages comprenant un ascenseur, des escaliers et des passerelles d'accès aux salles d'exposition.

Le Louvre a eu sa pyramide créée par l'architecte Pei, associant le passé de la pierre à la modernité du verre. Le musée Stewart s'est doté lui aussi d'une structure en verre, miroirs, acier et aluminium conçue par André Lavoie et Éric Gauthier, de la firme d'architectes Faubert, Aubertin, Brodeur, Gauthier (FABG).

L'Institut canadien de la construction en acier a décerné son prix d'excellence au Groupe Roche pour la réalisation de cette tour originale. Greffée au milieu du bâtiment, elle comprend à son sommet un belvédère pour admirer la métropole, le pont Jacques-Cartier et le fleuve qui venait jadis lécher les bases des fondations de cet ancien arsenal du fort militaire datant des années 1820.

Respecter l'histoire des lieux

Le fort est devenu le Musée militaire de Montréal en 1955 à l'initiative de l'homme d'affaires montréalais aujourd'hui décédé David Macdonald Stewart. La rénovation de l'édifice a permis de remplacer la fenestration et les portes extérieures et de mettre aux normes le réseau électrique, le système d'alarme et les escaliers.

«Le musée fait 200 mètres de long avec des murs de 8 pieds d'épaisseur, dit André Lavoie. Il a fallu percer de nouvelles issues, apporter de nouveaux conduits de chauffage et de climatisation et les cacher! L'important était de respecter l'histoire des lieux.»

Au troisième palier, par exemple, une fenêtre de verre placée au sol permet de voir l'ancien plancher de pierres parcouru d'un rail qui était utilisé pour déplacer de l'équipement militaire lourd sur des chariots.

Quelque 500 objets de la collection permanente ont été redéployés dans les nouvelles salles d'exposition par une équipe dirigée par l'architecte muséographe français Bruno Donzet et la designer montréalaise Diane Bernier.

Peu éclairées, les pièces sont agréables à visiter. On débute par la présence amérindienne à Montréal et l'arrivée des Européens. Cartes, objets religieux, armures, statues de procession, lettre de Christophe Colomb à Isabelle de Castille publiée en latin, ustensiles du quotidien, on se replonge avec plaisir dans les différentes époques de la Nouvelle-France.

«M. Stewart voulait que les gens connaissent l'histoire du Québec et de Montréal grâce à sa collection qu'on présente maintenant de façon moderne», dit Guy Vadeboncoeur, directeur général du musée qui y travaille depuis plus de 40 ans.

Maquette de Ville-Marie interactive

Une des innovations de l'exposition Mémoires et histoires est certainement la modernisation d'une maquette de Ville-Marie datant de 1963 en un outil interactif réalisé par id, entreprise dirigée par René Lepire qui crée des animations éducatives.

La maquette est transformée en paysage vivant avec les ombres d'oiseaux qui passent sur les toits des maisons tandis qu'on entend leurs cris. On voit les ondulations du fleuve Saint-Laurent. Puis, c'est l'hiver, et la neige semble tomber sur la cité.

On prend un casque audio. On touche un écran. Une zone de la maquette s'éclaire... et l'histoire des lieux est racontée par Isabel Richer ou Guy Nadon. Par exemple, l'oeuvre de Marguerite Bourgeoys avec des illustrations sur l'écran, des animations: quand un grand feu est décrit sur l'écran, on le voit sur la maquette.

«Chaque écran présente deux histoires, en français et en anglais, ce qui fait douze histoires différentes, dit M. Lepire. Il y a aussi un système adapté pour la présentation d'un guide. Notre système a généré 3000 heures de travail.»

Le musée Stewart est devenu un musée moderne qui a des ambitions. L'automne prochain, après l'inauguration officielle des lieux, il accueillera une exposition sur Samuel de Champlain et le métier de cartographe. Une autre sur Hélène de Champlain et les ustensiles de cuisine à travers les âges (le musée en a 2500) sera présentée en 2012, à l'occasion de la réouverture du restaurant Hélène-de-Champlain.

«Depuis le début, la Fondation Macdonald Stewart a investi 55 millions dans le musée au profit des Montréalais, explique Véronique Geoffrion, chef du développement et des communications. Il est maintenant temps de frapper aux portes. Nous avons un plan de développement stratégique. On va lancer une campagne de financement comme tous les grands musées montréalais.»

Photo: Martin Leblanc, La Presse

«M. Stewart voulait que les gens connaissent l'histoire du Québec et de Montréal grâce à sa collection qu'on présente maintenant de façon moderne», dit Guy Vadeboncoeur, directeur général du musée.