À l'occasion du 30e anniversaire des Aventuriers de l'arche perdue, le Centre des sciences présente une exposition didactique où cohabitent, sans se mélanger, science et fiction. À vos marques!

En 1981, Hollywood se donnait un nouveau héros qui allait entrer directement au panthéon déjà bien rempli de l'Amérique reaganienne. Mi-Tarzan, mi-James Bond, Indiana Jones exerce sa profession d'archéologue d'une façon hautement personnelle, ne reculant devant rien ni personne pour faire entrer au musée - leur juste place, selon lui - les trésors des civilisations anciennes.

Dans un de ses premiers voyages loin de Yale où il enseigne, l'ancien de l'Université de Chicago part à la recherche de l'arche d'alliance, coffre dans lequel les Israélites auraient placé les fragments des tables des commandements reçues de Moïse lui-même. Belle pièce. Que convoite aussi Adolf Hitler, révèlent d'entrée de jeu les agents du Bureau des services stratégiques: le leader du IIIe Reich croit aussi que l'arche confère à celui qui en a la garde puissance et invincibilité.

La mission du Dr Henry Jones Junior, incarné par Harrison Ford, connaîtra bien des détours: par la jungle péruvienne d'abord où, au prix de mille dangers, il découvre une idole d'or d'une déesse aztèque, puis par le Népal pour récupérer auprès de l'une des ses anciennes blondes le médaillon de Râ, sésame millénaire du Puits des âmes où est cachée l'arche «perdue».

«J'ai été renversé par la somme de recherches contenue dans chacun des films d'Indiana Jones», lance Yves Mayrand, président de gsmprjct°, la maison montréalaise qui a conçu et réalisé l'exposition Indiana Jones et l'Aventure archéologique, qui s'ouvre jeudi en première mondiale au Centre des sciences du Vieux-Port de Montréal. «Bien sûr, on reste dans la magie du cinéma, mais la fiction ici s'inspire toujours de la réalité scientifique et nous avons relevé le grand défi de les faire cohabiter.»

Pour répondre à l'appel d'offres de Lucas Films - de George Lucas, aussi producteur de superproductions tels Jaws et Star Wars -, «gsm» s'est associée à deux autres boîtes de prestige: l'Équipe Spectra, productrice du Festival de jazz et des FrancoFolies, et communication marketing Bleublancrouge. X3, la nouvelle entité corporative, s'est donné comme mission de concevoir et de présenter des expositions de calibre international.

Internationale, Indiana Jones et l'aventure archéologique l'est certainement par la nature des objets exposés, explique pour sa part la conceptrice-muséologue Geneviève Angio-Morneau, qui a aussi participé à l'autre mégaprojet de gsm: l'expo sur l'histoire de Singapour présentée depuis 2006 au musée national de ce pays. «Pour Indiana Jones, nous avons voulu séparer, dans l'espace, les deux collections qui relèvent d'univers totalement différents. La collection de Lucas Films présente des accessoires et des costumes des films (voir autre texte) tandis que celle du Penn Museum se compose de véritables pièces archéologiques. Nous ne voulions pas prendre le risque que les visiteurs confondent le Graal qui sert d'accessoire avec un pot vieux de 7000 ans...»

Sept zones

L'exposition L'aventure archéologique est divisée en sept zones. Après la zone d'introduction, munis de leur «compagnon vidéo» -un appareil conçu par gsm pour Singapour (voir gsmprjct.com)-, les visiteurs emprunteront la «Piste Indy» où ils retrouveront les objets et les moments marquants des quatre films d'Indiana Jones, tous réalisés par Steven Spielberg: Les aventuriers de l'arche perdue (1981), les pierres sacrées de Sivalinga du Temple maudit (1984), le Saint-Graal -dans lequel aurait bu Jésus- de La dernière croisade (1989) et l'énigmatique Crâne de cristal (2008).

Stratégiquement installées sur la «piste», quatre zones «archéologiques» présenteront d'abord les objets empruntés du prestigieux musée de l'Université de la Pennsylvanie (www. penn.museum). Mme Angio-Morneau a fait le lien entre le comité scientifique et l'équipe de conception de gsm. «Pour arrêter le choix des pièces, nous avons pu compter sur des conservateurs du Penn qui venaient de toutes les régions du monde où se déroule l'action des films: Amérique du Sud, Asie, Moyen-Orient, etc. Dans l'exposition, ces objets archéologiques renvoient continuellement aux films.»

Et constituent la base de l'approche didactique de cette exposition, telle que conçue par le Pr Michel Fortin, archéologue de renom attaché à l'Université Laval qui a aussi voulu présenter les rudiments méthodologiques -Archéologie 101, dit M. Mayrand- de cette science moins connue qu'Indiana Jones. La méthode archéologique s'intéresse aux vestiges matériels, passant de la prospection aux fouilles sur le terrain, puis de l'analyse des découvertes à leur interprétation.

Les zones «archéo» comptent aussi des capsules vidéo produites par le présentateur de l'expo, National Geographic, une marque au moins aussi connue qu'Indiana Jones. National Geographic -ce magazine fondé en 1888 ne s'est jamais gêné de souligner les écarts entre la réalité et la fiction hollywoodienne- présente aussi certains documents et objets ayant appartenu à des archéologues.

La septième et dernière zone est consacrée à l'archéologie locale et présentera des pièces des collections de la Ville de Montréal qui contiennent entre autres des objets attestant d'une présence amérindienne vieille de 4000 ans. Bien avant que le Malouin Cartier ne «découvre» Hochelaga...

Ce n'est pas la première fois que Lucas Films veut se rapprocher de la science ; en 2005, le Museum of Science de Boston avait présenté l'exposition Star Wars -Where Science Meets Imagination. «Cette expo relevait plus du divertissement, dira Yves Mayrand. Ici, la barre est plus haute... Par Indiana Jones, on veut amener les gens à l'archéologie.»

Si, comme l'a répété le réalisateur Steven Spielberg, les films d'Indiana Jones ne veulent pas représenter «la vraie vie» -on avait compris ça-, L'aventure archéologique, elle, entend montrer la vraie science. Dans un lieu consacré à la chose dans le Vieux-Port de Montréal. Qui sait: peut-être verra-t-on un jour Indiana Jones et le Calumet de blé d'Inde?

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L'aventure archéologique

Approche

Expliquer les rudiments de la méthode archéologique à partir des quatre films de la série Indiana Jones.

Objets exposés

> De Lucas Films, environ 150 objets: principales pièces «archéologiques» des films - l'arche d'alliance, le crâne de cristal , le «Graal» -, costumes, maquettes, dessins de préproduction.

> Du Penn Museum: une cinquantaine de véritables pièces archéologiques provenant des régions où a «travaillé» Indiana Jones: Moyen-Orient, Afrique du Nord, Amérique du Sud, etc.

Jeu proactif

En parcourant la «Piste d'Indy», les visiteurs pourront accumuler des fragments d'une pièce archéologique et la déposer dans une collection virtuelle à la fin du parcours.

En vrac

> Superficie: 930 m2 (10 000 pi2)

> Durée de l'expo: du 28 avril au 18 septembre 2011

> Durée de la visite: entre une et deux heures

> Bande-annonce sur: https://www.youtube.com/watch?v=wnld7sIXZ0g

> Horaires et billetterie: centredessciencesdemontreal.com

> Tél: 514-496-4724 ou 1-877-496-4724