Le palais du Belvédère à Vienne montre, pour la première fois dans un musée, une exposition consacrée exclusivement aux portraits et autoportraits du peintre expressionniste autrichien Egon Schiele (1890-1918).

«Près d'un tiers des tableaux peints à l'huile de Schiele sont consacrés à des portraits. C'est incroyable qu'il n'y ait pas eu jusqu'à aujourd'hui d'exposition sur ce thème», a déclaré mercredi Agnès Husslein-Arco, directrice du Belvédère, lors d'une présentation de l'exposition.

Le portrait, projection par l'artiste de son «exploration du psyché humain», figure au coeur de son oeuvre, a renchéri la commissaire de l'exposition, l'historienne d'art américaine Jane Kallir, d'origine viennoise.

Au total, 95 toiles, dont 22 sont pour la première fois exposées en Autriche, retracent par ordre chronologique son évolution artistique, des premières oeuvres de l'étudiant à l'Académie des beaux-arts de Vienne à la «percée expressionniste» à partir de 1910, année particulièrement prolifique, jusqu'à l'âge d'une certaine maturité qui culminera par son mariage avec Edith Harms, jeune femme de la bourgeoisie viennoise, dont plusieurs portraits sont exposés.

«Cette évolution est aussi émotionnelle. On suit vraiment quelqu'un qui était encore presque un adolescent lorsqu'il a réalisé ses premières oeuvres et on le voit devenir adulte», souligne Jane Kallir.

Les autoportraits occupent une place de choix. Rarement un artiste aura autant été autant le «modèle de son art» que Schiele. «Seul Rembrandt a peut-être peint davantage d'autoportraits», a estimé l'historienne. Pourtant la carrière de Schiele fut courte, douze ans à peine entre ses débuts à l'académie et son décès, en 1918, de la grippe espagnole. Il avait alors 28 ans.

Schiele se met en scène en tant que saint, malade, «visionnaire» dans un double autoportrait avec sa maîtresse «Wally», ou encore en tant que prisonnier: il a fait un court séjour en prison en 1912 sur des soupçons, finalement non retenus, de détournement de mineurs.

Des lettres de l'artiste et plusieurs photographies viennent compléter l'exposition, qui ouvre ses portes le 17 février au soir et durera jusqu'au 13 juin.

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