Beaucoup de photographes «prennent» des vedettes. Qui se font photographier pour l'affiche, la pochette ou le C.V. Ou juste comme ça. Mais avec maquillage, éclairage, pose et tout.

Marilou Nadeau, photographe de son état second, a décidé de prendre des «personnalités artistiques» mais sans ce qu'elle appelle le set-up. «J'ai demandé à une douzaine de personnes de se faire photographier dans le lieu et au moment de leur choix», explique la Jonquiéroise qui, au fil des ans, a rencontré beaucoup de vedettes, petites et grandes, sur les plateaux de télévision montréalais où elle gagne sa vie comme assistante à la réalisation (3600 secondes d'extase, Fric Show, etc.).

Le résultat de deux ans de travail est accroché à la galerie Roccia (prononcer Rokia: galerieroccia.com) où La Presse a rencontré Marilou Nadeau la semaine dernière, quelques heures avant le vernissage de Point de rencontre, la première exposition de l'artiste. Qui venait de noter la présence d'un cheveu étranger dans la reproduction de la photo de Patrice Coquereau...

«Je suis une grande voyeuse», dira la photographe en expliquant qu'elle essayait de se faire «le plus discrète possible». Comme sur le plateau de tournage d'Incendies où l'avait invitée le cinéaste Denis Villeneuve. Ou dans l'hyper-studio de Varennes où elle a pris Robert Lepage du haut d'une passerelle: «Je n'ai pas peur du gros grain.» Dont acte.

Plus loin, Isabel Richer penchée sur un poulet qu'elle s'apprête à cuire, le pianiste Alain Lefèvre, difficile à reconnaître, Macha Grenon, on n'aurait jamais su... Pas de bas de vignette? Parfois, répond la photographe, l'émotion du moment est plus importante que l'identité du personnage.

Dans cette expo, les «moments» revivent d'une autre manière, et très originale: le spectateur peut regarder, en projection sur un mur de la galerie, les autres photos prises lors des séances, photos qui sont accompagnées d'extraits sonores, conversations entre la photographe et son sujet ou simples bruits ambiants. Comme le trafic de Décarie à la hauteur de Hampstead, la patrie d'adoption dull de l'écrivain Georges-Hébert Germain.

Moment de bonheur: Andrée Lachapelle avec sa fille, sa petite-fille et son arrière-petite-fille. Moment de vérité cabotine: l'homme de théâtre André Brassard qui avoue aimer «le kodak».

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Point de rencontre - Exposition de photos de Marilou Nadeau, à la galerie Roccia, 5691, boulevard Saint-Laurent, jusqu'au 10 novembre.