Les maisons de la culture accueillent plusieurs jeunes artistes du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. Un air marin souffle sur Montréal, décoiffant les préjugés à l'égard de l'art dit régional. Et c'est Montréal qui a fait les invitations, à la grande surprise des invités.

La maison de la culture Frontenac est l'une des huit maisons à recevoir la visite d'une quinzaine de jeunes artistes de l'est du Québec. C'est la seule qui présente une exposition collective en même temps qu'un solo réservé au photographe Steve Leroux.

Pour l'exposition collective regroupant 11 artistes, le commissaire Bernard Lamarche, du Musée de Rimouski, a eu l'idée d'intégrer cinq artistes de Montréal aux côtés des six invités du Bas-du-fleuve. Résultat: qu'ils soient des grandes villes ou des régions, les jeunes partagent les mêmes préoccupations, le même savoir et les mêmes outils, aussi bien l'installation que la photographie, la peinture et la vidéo.

Les préoccupations sont surtout d'ordre écologique, dans un sens large. Prenons, par exemple, une oeuvre assez éloquente de Jean-Philippe Roy. Sur un morceau de bois sortant du mur et portant des restes de lettrage, deux minuscules arbres ont poussé. On pense ici à la manière dont nous avons traité nos forêts. Le jeune sculpteur a droit aussi à une exposition individuelle à la maison de la culture Côte-des-Neiges. Même souci pour la nature chez Maryse Goudreau, dont on retient la photo de ce que l'on croit être un canyon gigantesque, en réalité un tout petit ruisseau. De son côté, Josée Landry-Sirois frappe par dessin horizontal très long, sorte de paysage cosmique sur fond noir traversé par un code secret comme si le monde était sens dessus dessous. (Elle expose aussi à la maison de la culture Mont-Royal.)

Dans un autre registre, c'est de dégénérescence humaine qu'il s'agit chez cette jeune femme, Magalie Comeau, qui peint délicatement ce qui semble être, de loin, un paysage abstrait de cristaux de glace. Quand on examine la chose de plus près, des formes organiques un peu sanglantes semblent prises au piège glacé. Dégénérescence aussi dans les photos de Sylvie Moisan, dans lesquelles on reconnaît les formes humaines par un petit bras qui sort d'une masse de chair, et par la couleur chair de la masse.

Les écrans blancs de Leroux

Steve Leroux occupe à lui seul une grande salle avec plusieurs photos sur un seul thème: les écrans de ciné-parcs. C'est étonnant ce qu'il peut en tirer comme commentaires sociaux sur cette espèce en voie de disparition, et comme plans de tableaux abstraits. Écrans blancs sur fond de ciel laiteux, écrans blancs comme des voiles de bateaux, blanc sur blanc comme dans les monochromes. Cette série se termine par une sorte d'apothéose où toutes les photos sont rassemblées dans une seule photographie géante - on se demande comment il a réussi cet exploit. La photo géante se présente comme une grille qui semble faire 180 degrés. À découvrir.

Confluences constitue le volet art contemporain de l'invitation du réseau Accès culture de la Ville de Montréal faite aux artistes du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine. Y sont aussi invités des gens du théâtre, de la chanson, du conte et de la musique.

Confluences, dans huit maisons de la culture. Exposition collective et Steve Leroux à Frontenac, jusqu'au 29 novembre. Josée Landry-Sirois au Plateau-Mont-Royal, jusqu'au 15 novembre. Toutes les autres expositions individuelles prennent fin le 29 novembre. Virginie Chrétien à Pointe-aux-Trembles; Émilie Rondeau à Montréal-Nord; Ariane Lord à Maisonneuve; Louis-Philippe Côté et Virginie Laganière à Notre-Dame-de-Grâce, Jean-Philippe Roy à Côte-des-Neiges.