La justice française a définitivement interdit jeudi l'exposition anatomique Our Body, à corps ouvert dans une décision de la cour de cassation estimant que l'exhibition de cadavres humains à des fins commerciales était indécente et à ce titre illégale.

L'interdiction par la justice d'une exposition est exceptionnelle en France.

Déjà présentée à l'étranger, ainsi qu'à Lyon et à Marseille, l'exposition s'était ouverte le 12 février 2009 à Paris.

Soupçonnant un trafic de cadavres de condamnés à mort chinois, deux associations, Ensemble contre la peine de mort et Solidarité Chine, avaient porté l'affaire en justice.

Le 21 avril 2009, un juge des référés (procédure d'urgence) leur avait donné raison: il avait ordonné la fermeture de l'exposition et placé les corps litigieux sous séquestre, considérant d'une part que les cadavres avaient leur place au cimetière et d'autre part que leur mise en scène était contraire à la décence.

Encore Events, la société organisatrice, avait dénoncé une décision «ecclésiastique» nourrie des «convictions personnelles» du magistrat et avait fait appel.

Le 30 avril, l'interdiction avait été confirmée par la cour d'appel de Paris mais sous le motif que l'exposition de vrais cadavres humains ne pouvait être autorisée qu'à condition de fournir la preuve de leur origine. En d'autres termes, la cour d'appel estimait que les expositions de cadavres humains restaient possibles en France sous certaines conditions.

Encore Events s'était alors pourvu en cassation. Jeudi, la plus haute autorité judiciaire l'a débouté en maintenant l'interdiction.

Mais dans ses attendus, la cour de cassation est finalement revenue aux motivations du juge de première instance. Aux termes de la loi, écrit-elle, les restes des personnes décédées doivent être traités avec respect, dignité et décence», or «l'exposition de cadavres à des fins commerciales méconnaît cette exigence.»