Après Barcelone, Milan, Séoul, Miami et New York, Montréal accueille des membres du collectif d'artistes californiens The Seventh Letter: tous graffiteurs dans l'âme, Revok, Push, Norm, Pose, Reyes et Retna exposent leurs oeuvres à la galerie d'art Yves Laroche jusqu'au 15 septembre.

Ce n'est pas parce qu'ils ont tous un passé de graffiteurs (la septième lettre de l'alphabet, c'est le G) que leurs oeuvres sont des tags ou des oeuvres gigantesques aux arabesques qu'on connaît si bien (ma porte de garage aussi).

Ces artistes de la rue assez connus sur la map du rap ont quitté la marge pour la planète tricotée serré des galeries d'art. Ils ont déjà beaucoup d'expérience et créent des oeuvres bien maîtrisées, qu'ils exposent en permanence dans leur galerie de Los Angeles.

«Après avoir eu une forte présence sur l'internet, ils vendent à de nouveaux riches, au monde de la mode, etc., dit Louis Coupal, commissaire de l'exposition WILL RISE qui les a découverts en Californie et qui a travaillé avec eux en 2007 et en 2008. Dans le genre, ils sont parmi les plus influents dans le monde. The Seventh Letter, c'est même devenu une marque de vêtements.»

Après un tour de l'exposition, on se rend compte que chacun a son propre style. Retna crée des toiles à partir de photos sérigraphiées sur bois puis graffitées. Dans The Black Claw, il semble surfer sur le mot récupération (clawback) avec une fille racée et fière au visage recouvert de graffitis géométriques. Sa plus belle oeuvre, Monoprint 2, est une sérigraphie sur papier d'un évêque avec sa mitre, le tout peint avec des touches de noir et blanc.

Avec Revok, on est plus dans le dessin soigné en noir et blanc, comme dans sa sérigraphie Will Rise Print, ou dans l'abstrait, avec Destitute 1 & 2, étagement de blancs, de noirs et de gris d'un bel effet, ou avec This War 1 & 2, où l'usage des couleurs est savamment dosé.

Pose offre pour sa part une production moins hermétique, plus usuelle, avec un style proche de la bédé. Les couleurs sont vives, les dessins expressifs comme la rage dans Untitled #3 ou l'effroi dans Untitled #4. Reyes fait quant à lui bien plus dans l'abstraction avec des oeuvres de grande taille. Son Violent Rythm (72 pouces sur 96) porte bien son nom avec des élancements de traits de couleurs dans des tons vieillis ou passés.

Avec Norm, la volonté d'expression est bien traduite. Sa série de portraits de style gothique (vendus de 1000 $ à 4000 $) ressemble à ce que fait Retna, mais avec plus de respect, si l'on peut dire, envers ses modèles. Les photos sérigraphiées sont laissées intactes, entourées discrètement de graffitis légers... sauf dans Untitled D où le visage est remplacé par une sorte de masque à la Hannibal Lecter.

«C'est moi qui photographie ces femmes, dit Norm, âgé de 35 ans et dont les membres sont recouverts de tatouages. Je fais ce travail depuis 10 ans.»

Enfin, Push présente des oeuvres en acrylique sur toile très belles, plus classiques, avec des figures géométriques dont les espaces sont remplis de couleurs vives, le tout traversé de traits noirs. Du graffiti léger, stylé et moins underground.

Norm et ses collègues participeront également au 8e Art Tattoo Show de Montréal, du 10 au 12 septembre à la gare Windsor, qui accueillera plus de 200 tatoueurs du monde entier.

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Will Rise, du collectif The Seventh Letter, jusqu'au 15 septembre à la galerie d'art Yves Laroche.