Le musée Tate Modern de Londres propose à partir de vendredi Exposed (Révélé), une nouvelle exposition qui examine le voyeurisme et la surveillance dans la pratique photographique.

À travers plus de 250 photos ou films réalisés subrepticement ou sans le consentement explicite des sujets, l'exposition se penche sur les clichés volés, les photos de paparazzi et autres images ambiguës.

Des photos prises dans le métro new-yorkais dans les années 1930 par Walker Evans avec de petits appareils cachés, aux clichés de passants pris en 2000 par Philip-Lorca diCorca grâce à un équipement sophistiqué dissimulé dans un échafaudage, les photographes ont depuis longtemps «volé» des images.

Lewis Wickes Hine prend ainsi en cachette au début du 20e siècle des photos d'enfants dans les filatures de Caroline du Sud, dans le cadre d'une campagne contre le travail des enfants.

Et Henri Cartier Bresson prend de la hauteur pour photographier des scènes en plongée obtenant des effets visuels novateurs.

On peut voir un appareil photo caché dans une chaussure, utilisé par un reporter pour capturer l'exécution d'une condamnée à mort, ou des clichés pris avec des appareils dissimulés dans des sacs ou derrière un miroir sans tain.

Et on apprend que les paparazzis, rois des photos volées de célébrités, sévissaient dès les années 1880. Un cliché de l'italien Guiseppe Primoli montre ainsi le peintre Edgar Degas sortant d'un urinoir.

Les photos de nus ou d'ébats amoureux placent le photographe, comme le visiteur, dans la position du voyeur. Même si Nan Golding qui a photographié l'intimité de ses proches pour son oeuvre la plus connue, The Ballad of Sexual Dependency, projetée dans l'exposition, considère que ces clichés racontent «son histoire».

Avec des photos de lynchage aux États-Unis ou des vues des camps nazis, l'exposition s'interroge sur les clichés de violence et de guerre en se demandant s'ils participent d'un témoignage ou sont aussi du voyeurisme.

Enfin, avec la multiplication des caméras dans les lieux publics ces dernières années, elle montre comment les artistes contemporains recyclent les images pour inventer un nouvel «art de la surveillance».

L'exposition Exposed se tient à la Tate Modern de Londres du 28 mai au 3 octobre. Elle partira ensuite pour San Francisco et Minneapolis.