Les galeries d'art contemporain sont prêtes à tout pour vous convertir à leur cause, même à faire intervenir l'armée. Elles font du camping ce week-end dans l'édifice Black Watch du Régiment royal écossais, rue de Bleury. Une rare occasion de découvrir, gratuitement, l'un et l'autre, l'art contemporain et le Black Watch.

Depuis 25 ans, l'Association des galeries d'art contemporain concocte des plans pour élargir son public et sa clientèle. Il y a eu des foires d'art à la Place Bonaventure dans les années 80 et 90, puis des événements plus ciblés par la suite.

En 2008 et 2009, les galeries se sont installées pour un week-end au Westmount Square en optant pour une formule: que des oeuvres sur papier. Cela s'est appelé Papier 08, Papier 09. Dans cet édifice conçu par Mies van der Rohe, grand architecte de la modernité, on souhaitait se faire voir par la clientèle aisée de l'ouest de l'île. Ce fut fait. Mais il fallait élargir encore plus.

L'Association a donc loué les espaces du Black Watch, fait construire des murs temporaires dans le hall d'entrée qui sert de gymnase aux soldats, installé ses pénates administratives dans le mess des officiers et obtenu les services de trois soldats pour la surveillance, dont un en kilt traditionnel, explique le directeur de l'Association, Jean-François Bélisle.

«L'entrée est libre, poursuit le jeune homme. Et le catalogue est gratuit. Il est inspiré des audioguides des musées. Les visiteurs ont droit à une visite guidée par des étudiants en arts des quatre universités. Chaque numéro du catalogue correspond à une oeuvre exposée dans les kiosques.»

C'est dans cette ambiance militaire et conservatrice qu'on devait installer hier quelque 27 kiosques et accrocher plus de 200 oeuvres dont la valeur se situe entre 100 $ et 15 000 $. Au moment de notre passage, jeudi matin, on commençait l'installation. Rhéal Lanthier, de la galerie Art mûr, était l'un des premiers sur place.

«Ce genre d'événement permet d'établir des premiers contacts, dit-il, mais il attire aussi les gens du milieu. Cela crée une synergie. Et peu de gens connaissent l'édifice Black Watch, ça pique la curiosité.»

Rappelons que le Black Watch s'est fait connaître dans les années 60 à la suite de l'explosion d'une bombe du FLQ dans ses locaux.

La galeriste Joyce Yahouda y va, elle, pour se faire de nouveaux amis de l'art, dit-elle, mais aussi pour le plaisir.

Hier matin, on pouvait y voir Adrian Norvid, artiste québécois d'origine britannique, installer son faux éclairage et monter sa pinte de lait d'un mètre de haut sur laquelle il a écrit quelques phrases aussi drôles que cochonnes... Robert Poulin, d'Espace Poulin et du collectif de collectionneurs La peau de l'ours, était là lui aussi pour partager avec le public sa nouvelle passion pour l'art «trash».

Au sortir de votre visite, peut-être vous retrouverez-vous avec deux catalogues: celui, bilingue, de Papier 10, et celui, en anglais seulement, du Black Watch (Royal Highland Regiment) of Canada, le Canada's Red Hackle, Issue No. 014.

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Papier 10, au 2067, rue de Bleury. Ouvert vendredi de 11 h à 21 h, vernissage public de 18 h à 21 h; samedi, de 11 h à 20 h; dimanche, de 11 h à 18 h. Entrée libre. Le musée Black Watch sera ouvert au moins vendredi soir.