Le Vieux-Port a un trou de mémoire. Même s'il en a retenu les grandes lignes, le détail d'une vaste période de sa vie lui échappe et il compte sur nous tous pour combler cette carence.

Le Société du Vieux-Port de Montréal (SVPM) vient en effet de lancer une campagne pour recueillir photographies et témoignages sur la vie quotidienne de cette «véritable ruche que fut le Port de Montréal» entre 1930 et 1967.

Cette poussée archivistique a comme objectif de sauvegarder et de perpétuer la mémoire de l'un des secteurs historiques les plus importants de la métropole. En fait, c'est là que tout a commencé.

Mais pourquoi 1930? «C'est le début de la Crise», nous rappelle l'historienne Hélène-Andrée Bizier, porte-parole de cet «appel à tous». «Montréal comptait des dizaines de milliers de chômeurs et, en ces temps de misère, les gens n'achetaient pas beaucoup d'appareils photo... C'est mon hypothèse.»

Chose certaine, par contre, Mme Bizier s'y connaît en archives photographiques; elle a déjà publié, chez Fides, Une histoire du Québec en photos (2007), Une histoire des Québécoises en photos et Une histoire des hommes québécois en photos (2008). La présente campagne n'a pas le livre comme objectif premier, mais on peut supposer qu'un ouvrage portant sur les gens se poserait en complément idéal au fort bel ouvrage qu'est Le Vieux-Port de Montréal (Éditions de l'Homme, 2007) de l'archéologue Pauline Desjardins et qui porte sur l'évolution des lieux, des débuts de la colonie jusqu'au parc récréo-touristique d'aujourd'hui.

Le présent «appel à tous» est lancé d'abord à ceux qui ont travaillé dans le port: les débardeurs - ils étaient plus de 5000 en 1930; avez-vous encore la carte de débardeur de votre grand-père? -, les camionneurs, les commerçants, les restaurateurs: cette photo de votre mère, qui était serveuse au Lunch de J.A. Bousquet, est un document historique important.

La SVPM - ne pas confondre avec le SPVM! - cherche aussi des photos de famille, d'amoureux (vos parents au quai de l'Horloge), de promeneurs, de nouveaux arrivants: comme ces milliers d'immigrants grecs et portugais qui ont débarqué dans le port après la Deuxième Guerre. Aussi recherchés: vidéos, imprimés (contrats, lettres, pub, billets, etc.), témoignages et anecdotes.

Tout à gagner - cinq croisières gastronomiques avec repas de sept services préparé par le chef Alain Pignard du Reine-Élizabeth - et rien à perdre: tous les documents que les historiens de la SVPM décideront d'archiver seront numérisés et une copie sera remise au propriétaire, avec l'original, évidemment.

Pour la procédure complète, il faut consulter le site www.quaisduvieuxport.com; on peut aussi appeler le 514-496-8126 ou écrire à patrimoine@vieuxportdemontreal.com