Une levée de boucliers: c'est la réaction qu'a suscitée Elvis Presley à ses débuts dans la presse américaine qui le décrivait comme «une menace aux bonnes moeurs», comme le rappelle une exposition montée à Washington pour le 75e anniversaire du roi du rock'n'roll.

Elvis et son épopée qui déhanche, qui s'est ouverte cette semaine au Newseum, le musée des médias de la capitale américaine, durera jusqu'au 11 février 2011. «Elvis a surpris l'Amérique et les médias en 1956 et la couverture médiatique était souvent hargneuse et alarmiste», rappelle Ken Paulson, le président du musée.

«La presse des années 50 se considérait comme l'arbitre des valeurs américaines et a été très dure et négative» avec le chanteur, déclare M. Paulson à l'AFP.

«Mais quand on dit aux Américains que quelqu'un est trop dangereux ou trop sexy pour être à la télé, il se met à vendre énormément de disques», ajoute-t-il. «En le dépeignant comme une menace aux bonnes moeurs de la jeunesse, les critiques d'Elvis lui ont vite construit une aura nationale», assure le directeur du musée.

L'exposition présente ainsi un florilège d'articles de presse des années 50 où le «King» est accusé de provoquer «des orgies de cris» auprès «des adolescentes comme des vieilles dames» et «de faire tellement vibrer ses hanches qu'on ne l'entend plus chanter».

«S'il faisait cela dans la rue, on l'arrêterait», fulmine un policier dans un Time Magazine de juin 1956 évoquant le déhanchement légendaire du King.

Pour la première fois, un exemplaire des 80 scrapbooks où son gérant, le colonel Tom Parker, collectionnait minutieusement tous les articles et les lettres de lecteurs, sont montrés au public.

Des souvenirs, comme un mandat, fruit de sa première tournée en 1954, envoyé à sa mère, une bouteille de champagne de son mariage avec Priscilla et les clés de la porte de Graceland, sa propriété de Memphis où il vécut de 22 ans à sa mort, émaillent l'exposition.

Sa Harley Davidson de 1957 et son blouson «perfecto», symboles du vent de rébellion qu'il a fait souffler ainsi que des costumes de scène à paillettes et le smoking de velours noir assorti de la ceinture dorée qu'il portait lors de sa rencontre avec le président Richard Nixon en 1970, sont en bonne place.

La photo du roi du rock'n'roll serrant la main du président Richard Nixon est le cliché le plus réclamé chaque année auprès des Archives nationales, a confié M. Paulson, se remémorant cette visite spontanée d'Elvis quelques jours avant Noël.

Le chanteur avait obtenu un entretien inopiné avec le président Nixon qui, à sa demande, lui avait donné un badge de la brigade des stupéfiants. Cet événement ne sera rapporté dans la presse qu'un an plus tard.

Mort à 42 ans en 1977, Elvis Presley demeure régulièrement en tête de liste des artistes décédés qui gagnent le plus d'argent et son manoir de Memphis est la demeure la plus visitée des États-Unis... après la Maison-Blanche.