Pour la première fois depuis cinq siècles, trente-sept statuettes provenant de la sépulture de Jean sans Peur sont exposées loin de Dijon, au Metropolitan Museum à New York.

Les pleurants en albâtre datant du XVe siècle n'avaient jamais quitté Dijon, où la sépulture du duc de Bourgogne (mort en 1419) et de son épouse Marguerite de Bavière (morte quatre ans plus tard) est conservée au Musée des Beaux-Arts.

L'exposition, intitulée Les pleurants: sculptures tombales de la Cour de Bourgogne ouvre mardi et permet d'observer de près ces pleurants, représentant des figures ecclésiastiques ou des moines de l'ordre des Chartreux.

À Dijon, on ne peut les voir que partiellement car ils sont en procession imaginaire entre des arcs miniatures placés sur la base de la sépulture en marbre noir du couple princier, sous le plateau qui porte les gisants.

Il fallut 25 ans aux sculpteurs, Jean de la Huerta et Antoine Le Moiturier, pour réaliser le tombeau et les statuettes, qui apparaissent très différentes les unes des autres et très humaines.

Ainsi un pleurant, à la tête découverte, essuie ses yeux de sa main droite dans un pan de son manteau. D'autres pleurent aussi, mais sous leur capuche rabattue et dans laquelle ils glissent la main.

Les ecclésiastiques de haut rang qui ouvrent la marche ont des visages austères et tiennent des livres entre leurs mains.

Mais à mesure que la procession avance, l'humeur change. Un moine semble desserrer sa ceinture, un autre se mouche, un troisième soulève sa cagoule pour mieux voir.

Beaucoup ont la tête cachée sous leur capuche.

«C'est la première fois que je les vois ainsi. Je n'avais jamais vu leurs dos», a relevé le maire de Dijon, François Rebsamen, qui participait lundi à la présentation de l'exposition à la presse.

«C'est drôle, les premiers, qui ouvrent la procession, ont une allure officielle. A l'arrière, c'est différent», a-t-il remarqué.

Le Musée des beaux-arts étant fermé pour rénovation, les conservateurs ont eu l'idée de séparer pour la première fois les pleurants du tombeau et de les faire voyager pour cette exposition.

Avant de rentrer à Dijon, les statuettes seront montrées dans six autres villes américaines, puis à Paris.

«Le pouvoir d'attraction de ces pleurants du XVe siècle va étonner nos visiteurs», a estimé Thomas Campbell, directeur du Metropolitan Museum. «Ils capturent toutes les expressions liées à la perte de quelqu'un et lorsqu'ils sont regroupés, ils magnétisent», a-t-il ajouté.

À l'occasion de l'inauguration de l'exposition, les services culturels de l'ambassade de France à New York, qui se trouvent en face du Musée, ont organisé lundi une dégustation de spécialités bourguignonnes, réalisées par des chefs français étoilés et installés à Dijon.

Et une semaine «Dijon Must-Art» s'est ouverte à New York, avec au programme une journée de dégustations à la gare de Grand Central, des concerts de jeunes musiciens dijonnais et des expositions de photos et vidéos.