Le château de Versailles présente pour la première fois, à partir de mardi, une exposition-événement sur Louis XIV, monarque absolu mais aussi homme de culture et de communication à l'image soigneusement construite.

Intitulée Louis XIV, l'homme et le roi, elle met fin à une «véritable anomalie», qui faisait que le château n'avait jamais «consacré d'exposition à son créateur», déclare à l'AFP Jean-Jacques Aillagon, le patron de l'établissement public du musée et du domaine national de Versailles.

De l'ancien pavillon de chasse de Louis XIII, son père, Louis XIV (1638-1715) a fait un somptueux château où il installe officiellement la Cour et le gouvernement en 1682.

Jean-Jacques Aillagon explique avoir voulu dresser un «portrait culturel» du monarque absolu, dont le règne personnel dura 54 ans.

«Le système politique est révolu. C'est par la culture que Louis XIV nous parle aujourd'hui», souligne l'ancien ministre de la Culture. Le règne du Roi-Soleil est marqué par une floraison exceptionnelle des arts. Architecture, musique, théâtre, peinture, art du jardin: le roi se passionne et s'implique, dépensant sans compter pour se divertir et imprimer sa marque.

Trois cent oeuvres sont présentées jusqu'au 7 février dans le cadre de cette exposition. Quatre-vingt proviennent du château et ont été parfois restaurées pour l'occasion. D'autres viennent du Louvre et de la Bibliothèque nationale de France. Mais aussi de prêteurs étrangers notamment britanniques, comme la reine Elisabeth II.

«Louis XIV avait un grand souci de l'image, de la communication et en cela il était très moderne», explique Alexandre Maral, l'un des commissaires de l'exposition. Colbert fut le principal artisan de la construction de cette image multiforme.

La plus forte et la plus ancrée est celle du Roi-Soleil, représenté sous les traits d'Apollon, divinité solaire.

À l'entrée de l'exposition, le visiteur est accueilli par Apollon servi par les nymphes, un groupe réalisé entre 1667 et 1675 par les sculpteurs François Girardon et Thomas Regnaudin.

Autre choc visuel: le buste de Louis XIV, réalisé en 1665 par le Bernin et fraîchement nettoyé, donne du souverain une image idéale. «C'est le portrait d'un courage instinctif», explique M. Maral. Une draperie isole le souverain du reste du monde. «Le roi a toujours aimé ce buste», qui est toujours à Versailles, précise le commissaire.

Louis XIV appréciait également beaucoup son portrait réalisé en 1702 par Hyacinthe Rigaud. Le monarque, vieillissant, y porte le manteau du sacre. A l'origine, il voulait l'offrir à son petit-fils Philippe d'Anjou, alors désigné roi d'Espagne. Mais il lui plaisait tellement qu'il l'a gardé.

Le portrait le plus étonnant est celui réalisé en cire coloriée par Antoine Benoist. Il a probablement été réalisé à partir de plusieurs prises d'empreintes directes sur le visage du roi, alors âgé d'environ 65 ans. D'où son réalisme. Le souverain est mal rasé, sa peau porte les cicatrices de la variole dont il avait été atteint dans sa jeunesse. Il est humain, simplement humain. «Louis XIV n'aimait pas qu'on le rajeunisse», souligne Nicolas Milovanovic, un des commissaires de l'exposition.

Au fait, ce grand roi, combien mesurait-il? 1 m 70, d'après une armure réalisée pour lui par la République de Venise.